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Rockfanch

[INTERVIEW] Joe Cheap & His Ubiks

Publié le 12 Juin 2019 par rockfanch in Interviews

[INTERVIEW] Joe Cheap & His Ubiks

Comment est né Joe Cheap & His Ubiks ?
* Florian (chant et guitare) : A la base, c'est mon projet solo que j'ai créé il y a cinq ans. Je sortais des titres - surtout en acoustique - mais ce n'était pas régulier. Il y a deux ans avec Rémi, le guitariste du groupe, on est allé à la Route du Rock et on a eu une révélation lors de ce festival. On y a vu Mac DeMarco, Thee Oh Sees, Ty Segall... Alors, on s'est dit qu'il fallait que l'on monte un groupe.
Rapidement, on a recruté Isaias (bassiste) qui était dans un précédent groupe avec moi. Enfin j'ai mis une petite annonce pour recruter un batteur, puisque je ne connaissais pas de batteur, on a trouvé direct et on a commencé à répéter en septembre. On a gardé le nom de mon projet solo parce que j'aime bien ce nom et il  a du sens pour moi.

Joe Cheap & His Ubiks, c'est ton projet solo acoustique qui est devenu un groupe électrique, c'est ça ?
Voilà c'est ça ... Après je faisais déjà des titres en électrique mais j'étais seul. Je faisais peu de concerts et en plus, c'était en acoustique. Je postais des reprises sur Youtube par exemple l'année juste avant de créer le groupe. J'ai du faire une dizaine de reprises en tout.

Comment s'opérait le choix des reprises ?
Je prenais des titres à la mode... Et je les remettais à ma sauce !

Ouais, tu voulais faire The Voice en vrai ?
The Voice ? Même pas ! Beaucoup de titres n'étaient pas chantés par moi. Je ne voulais plus trop chanter, j'avais arrêté même un peu la musique puisque j'avais mon ancien travail. J'étais professeur des écoles jusque fin 2016 / début 2017. Quand j'ai repris la musique, pour me remettre dans le bain, j'ai fait des reprises et j'ai joué avec des potes. 

L'envie est revenue progressivement...
Elle est revenue crescendo ! Et puis la Route du Rock, ça a été la révélation. C'est là où je me suis dis qu'il fallait que je fasse un groupe, que je veux faire du rock et qu'il fallait que je chante. Et surtout stopper les reprises, c'était très électro-pop ou folk. A Saint-Malo, je me suis dit "Non il faut que je fasse du rock". Mais oui, j'avais perdu l'envie, la motivation et c'est revenu petit à petit.

ll vient d'où ce nom de Joe Cheap & His Ubiks ?
Joe Cheap & His Ubiks, c'est tiré d'un roman de Philip K. Dick qui est un auteur de science fiction que j'adore. Ubik est un nom de roman qu'il a sorti en 1969 et dont le héros est Joe Chip. J'ai adapté le nom du héros en faisant un jeu de mot passant de Chip à Cheap. Comme tous les romans de Dick, cet ouvrage joue beaucoup avec la réalité. Qu'est ce qui est réel ou pas dans l'ouvrage. L'Ubik est quelque chose qui aide le personnage principal à faire que sa réalité ne se désagrège pas. Autour de lui, les choses vieillissent trop vite et se dégradent sans qu'il ne sache trop pourquoi.  Après, je ne suis pas Joe Cheap et les trois autres membres du groupe ne sont pas les Ubiks. L'idée c'est plus de se dire que l'on va raconter l'histoire de Joe Cheap et des Ubiks. 

La littérature est une influence au sein du groupe ?
On a un nom tiré de la littérature... Mais non, ce n'est pas vraiment une influence. J'aime la poésie, il m'arrive d'écrire en français d'ailleurs ou de mettre de la poésie en musique avec des chanteuses que j'accompagne à la guitare acoustique mais ça ne se ressent pas dans Joe Cheap. J'aime ce concept de raconter une histoire et les chansons restent mes "ubiks". Ceux ci sont ce qui me motivent, mes chansons je les compose pour ça.

Et niveau influences musicales, à part Oh Sees et Mac DeMarco qu'est ce qu'il y a ?
Ty Segall ! Je pense que ça s'entend parfois. Mac DeMarco ça s'entend bien et Oh Sees on est pas aussi barrés qu'eux. Je suis un peu trop fan de Nirvana, ça s'entend un peu trop dans la voix parfois... J'essaie de m'en éloigner. Fan des Beatles aussi et puis j'adore les 90's. Surtout Beck. C'est un touche à tout de génie et c'est ça que j'aime chez lui. Il va faire une chanson funk, du hip-hop chelou ou du punk hard.
Mon modèle c'est Rivers Cuomo, le chanteur de Weezer. J'adore les mélodies du groupe, la musique et surtout sa nonchalence. C'est l'antithèse de la rockstar. Je déteste ce côté pédant et inatteignable de la rockstar. Rivers Cuomo, c'est l'inverse de tout ça. C'est ce que je cherche aussi. On fait de la musique avec Joe Cheap & His Ubiks mais j'ai pas envie qu'on m'adule pour ça. A la limite qu'on aime mes musiques. Ca ne m'intéresse pas qu'on m'adule moi.

Kurt Cobain était comme ça, l'antihéros du rock...
Il a très mal vécu le fait d'être déifié. Enfin, c'est mon avis. On l'a érigé comme porte voix d'une génération, alors que pour moi... Il était avant tout là pour démonter le cliché de la rockstar. Rivers Cuomo a plus géré et mieux joué avec ça... Mais bon, après on ne l'a pas glorifié autant que Kurt Cobain et puis ce n'était pas le même message. Cobain exprimait un mal être. Cuomo c'est léger. Weezer ça parle d'histoires d'amour. 

Tes influences musicales sont très étasuniennes...
Très ! Il y a Blur, Oasis et les Beatles mais je suis très influencé par ce qu'il se passe aux Etats-Unis, oui. Ne serait-ce que dans les sons de gratte. Je préfère la lourdeur des guitares étasuniennes plutôt que le côté cinglant des guitares britanniques. 

Une première démo est sortie en septembre dernier pour Joe Cheap & His Ubiks. Quel était l'objectif de cet opus ?
J'avais déjà dans l'idée d'en faire un album. La démo, à la base, elle est là pour qu'on puisse travailler sur les titres. On composait et on se retrouvait chez l'un d'entre nous. Luc a une batterie électronique, donc on pouvait faire ça sans trop  faire de bruit. On enregistrait pour travailler les chansons. C'est important pour moi de faire du concret en terme de musique. On voulait aussi voir l'accueil du public sur les titres. Et ça a été bien reçu. Ce qui te motive à mieux travailler tes titres et les enregistrer pour en faire un album.

Il y a des titres de la démo qui se retrouvent sur l'album ?
Ils y sont tous avec trois inédits en plus. En fait, ils y étaient mais en version live. Là on les a enregistré proprement. Et une chanson qui n'était pas sur la démo. 

Vous l'avez enregistré où cet album ?
Pour les parties batterie, on a enregistré au Studio de la Trappe chez Trib. Avec le groupe, on a remporté un tremplin qui se nomme le Montbrun Lauraguet Live Challenge. J'ai demandé à Trib, si on pouvait enregistre le chant, la basse et les guitares chez moi. Il a été très cool et m'a donné des conseils sur la manière de procéder. Ensuite, il a tout mixé et masterisé chez lui. Tout a été terminé courant mai et on est très heureux du résultat final !

Vous avez retravaillé les titres entre la démo et l'album ?
Totalement ! Quand on enregistrait pour la démo, on faisait l'enregistrement juste après avoir composé. Les titres ont maturés dans nos têtes et franchement, pour moi certains ne sont plus les mêmes que pour la démo. Il y a eu des évolutions différentes. Certains, comme This Pretty Baby, ont pas mal bougés. C'est devenu un duo avec Laurie. Des solos sont apparus sur certains titres, des arrangements aussi. Des voix, des chœurs... Ca a évolué.

Qu'est ce qui t'as pris de te raser le crâne pour Hypnoise ?
Je ne me suis pas rasé le crâne pour les besoins de la vidéo. J'avais juste envie de me raser le crâne depuis longtemps et je l'ai fait en musique. Hypnoise, je l'ai écrite quand j'ai arrêté mon travail. J'ai traversé une très mauvaise passe et je m'étais rasé la tête à ce moment-là. Depuis, je n'avais pas touché à mes cheveux. Avec la sortie de l'album, j'avais l'impression de boucler une boucle du moment où j'ai arrêté mon travail et repris la musique jusqu'au moment où j'ai concrétisé ce projet, celui de l'album. On repart à zéro quelque part. Mes cheveux c'est ce symbole de reprise de la musique. Les points de suspension quelque part... Tout est possible maintenant, je vais peut être teindre mes cheveux en bleu, rose ou jaune.

Sur l'album, tu n'es pas seul à chanter puisque Laurie te prête main forte aussi sur certains titres...
Déjà, ça a du sens sur Intoxicated. C'est une chanson sur une rupture et ce titre comprend un couplet écrit par le mec et un autre couplet par la fille. Ils se répondent et je ne pouvais pas chanter les deux parties. This Pretty Baby, c'est l'histoire d'un friendzonage. A la base, Laurie n'avait qu'une réplique dans la démo. Et puis je me suis dit que ça pourrait être bien qu'au second couplet, elle revienne et qu'on chante ensemble en mode "on est amis et c'est génial". Une sorte de fausse proximité. J'ai choisi Laurie parce qu'elle a chanté avec moi quand j'ai repris la musique et je l'ai accompagné à la guitare dans un projet solo à elle avec des poèmes mis en musique ou des reprises. Je tiens aussi à dire que Luc et Isaias font des chœurs sur l'album. 

Qu'est ce que tu nous racontes dans tes paroles ?
J'ai commencé déjà à expliquer les paroles. Intoxicated, une rupture. This Pretty Baby, c'est du friendzonage. Autrement, il y a d'autres chansons sur le thème de l'amour comme Last Dance, Nervous ou Superstar. J'exprime aussi mon mal être à travers certains titres. Hypnoise sur l'insomnie, Through the Sinners sur l'agoraphobie, Waverer sur la procrastination, Falling With Style sur le complex d'infériorité ou Earth Will Keep on Turning sur l'angoisse de la mort... Et aussi Fucked Up In My Head qui mélange les deux thèmes, l'amour et le mal être. Tout ça c'est une manière d'évacuer. Earth Will Keep in Turning, malgré son thème, n'est pas triste. Je ne veux jamais donner dans le misérabilisme, même si le thème est triste. 

On va parler aussi d'un gros sujet pour Joe Cheap & His Ubiks, l'univers visuel. Comment êtes-vous arrivés à travailler avec Arthur Plateau qui fait tous vos visuels ?
Arthur est un de mes meilleurs amis et j'adore ce qu'il fait. Quand j'ai lancé le groupe, je lui ai expliqué que je pensais que nos deux univers étaient compatibles. Il avait déjà fait des visuels pour moi quand j'étais Joe Cheap en solo. On avait déjà travaillé ensemble et je savais que ça allait bien se passer. Il a un esprit aussi décalé que le nôtre.

Il écoute votre musique en faisant vos visuels ?
Les titres sont toujours envoyés à Arthur, après je ne sais pas s'il est studieux et qu'il nous écoute en travaillant. Il nous suit, il vient à nos concerts, il adapte les visuels à la musique. Parfois, je l'oriente un peu mais c'est rare. Je lui laisse une totale liberté parce que je lui fais confiance et en général ça correspond bien. 

C'est très coloré comme univers, Joe Cheap & His Ubiks...
Tu sais, je suis allé à une conférence Ulule pour présenter le projet. Un mec m'a dit qu'il pensait que notre album, c'était un album pour enfants ! C'est exactement ça qu'on veut. Piéger les gens ! Avoir un visuel coloré et enfantin. Et que le contenu de l'album tâche bien comme il faut.

Dernière question, est ce que tu as un scoop pour moi ?
On va sans doute se mettre au français pour les nouvelles compos !

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