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Rockfanch

[INTERVIEW] UNDERGROUND THERAPY

Publié le 18 Septembre 2019 par rockfanch in Interviews

Crédit photo : Christelle Dieppois

Crédit photo : Christelle Dieppois

Quelle est la raison qui vous a donné envie de faire de la musique ?
* Sarah (chant) : Il y en a moult ! Je pense que je suis comme beaucoup de gens. Pratiquer une activité artistique ça permet d'exorciser des choses et de donner un sens à ta vie. En vrai, ça m'a aidé à être moins timide. J'avais très envie d'écrire aussi, alors le fait d'être au chant ça m'a permis de m'essayer à l'écriture. Avant d'être au chant, j'étais à la batterie et l'intention première,  c'était de se défouler. De faire partir cette rage et aussi de prendre du plaisir.
* Anthony (guitare) : Pour moi, c'était que je n'aimais pas le sport. Je ne suis pas sportif du tout. Mes potes non plus. On aimait tous le punk, le rock, le metal... On s'est tous retrouvés à monter un groupe avec des amplis et des instruments pourris. Là où je rejoins Sarah, c'est que la musique permet de se lâcher. Quand tu es introverti tout de suite, tu es moins timide grâce à ça. 
* Tom (guitare) : Pour ma part, j'ai commencé la musique assez tard, vers 23-24 ans. C'était une période compliquée de ma vie. La musique m'a aidé comme une thérapie. De me construire une bulle et de m'échapper de mon quotidien difficile.

Comment est né Underground Therapy ?
* Sarah : Hormis Tom, on avait tous d'autres groupes avant avec lesquels ça ne se passait pas forcément bien. On était pas satisfait de ce que l'on faisait. J'ai eu envie de créer un groupe dont l'optique était qu'on serait tous libres. Un groupe dans lequel on pourrait tourner sur les instruments, se dire que si on veut pas de basse on en met pas, si on veut de l'orgue, on en met, etc. Ne pas avoir de limites. C'était utopique dans ma tête. Ensuite, j'ai cherché dans mon entourage des musiciens que je connaissais. On a commencé à faire des jams. Au fur et à mesure, on s'est rendu compte que c'était difficile comme configuration. Le fait de tourner sur les instruments, ne pas avoir de basse, etc. C'était difficile à gérer. On a eu envie de figer les choses et ça fait un an que l'on a fait de grands changements dans le groupe. Avant, on avait un clavier dont on s'est séparés. On a intégré un bassiste à temps plein et désormais on a un son plus brut que blues. 
* Tom : On est aussi désormais tous à la place à laquelle on doit être. 
* Sarah : Il y a aussi plus de liberté d'expression dans son domaine... Avant tu vois je prenais la basse sur deux titres, mais j'étais limitée parce que je ne suis absolument pas bassiste ! En plus ça ne plaisait pas plus que ça, j'avais envie d'être sur scène pour chanter, gueuler mes textes et ne pas forcément jouer d'un instrument. J'ai un autre groupe, Beauté Primitive, dans lequel je joue d'un instrument.

Pourquoi ce nom d'Underground Therapy ? Vous avez hésité sur d'autres noms ?
* Sarah : Le premier nom d'Underground Therapy, c'était Rags. On s'est rendu compte qu'un autre groupe portait ce nom et qu'il était assez connu. Alors on a du changer. Ca a pris un moment pour trouver et on s'est dit à un moment qu'on était tous un peu fêlés. On a tous des profils de patients dans un HP, on veut tous se soigner grâce à la musique et c'est notre thérapie un peu sale.
* Anthony : Underground Therapy, ça rappelle ce côté défoulement sur scène. Dans les morceaux, il y a des parties solos où on peut réellement s'exprimer librement chacun son tour et où, vu que rien n'est écrit, ça peut changer selon l'humeur d'un concert à l'autre. 

Quelles ont les influences sur lesquelles vous vous retrouvez ?
* Sarah : Les influences ça a été la grande question ! On a un accompagnement artistique en ce moment avec le Tarn & Garock et on nous a poussé à définir nos influences. On a nous a dit d'en choisir trois et d'être tous d'accord dessus. Ca a été difficile comme travail et on en a pas trouvé trois.
* Tom : Si, on en a trouvé trois ... Mais chacun ! 
* Sarah : On s'est mis d'accord, sans prétention de notre part parce qu'on a pas leur niveau, pour dire qu'on était un mélange de Dead Weather et de Jeff Buckley.  

Très étatsunien dans le son ?
* Anthony : Oui et non. Tom et moi, on a des influences très axés britanniques. 
* Tom : Moi mes Dieux, c'est Led Zeppelin ! J'ai commencé la musique parce que j'ai découvert Jimmy Page. Ce fut la révélation totale. Ma référence, c'est le classic rock des années 70, j'ai grandit avec ça. Mes parents qui m'ont fait écouter ça depuis tout petit. Ensuite, je me suis nourris d'autres musiques comme le hip-hop ou l'électro mais ma source principale d'inspiration est puisée dans le rock. Toute cette période comprenant AC/DC, Pink Floyd, Jimi Hendrix m'inspire beaucoup. J'écoute aussi des groupes contemporaines comme Royal Blood ou Dead Weather. 
* Sarah : C'est ça qui nous a rapproché avec Tom. Je suis une grande fan de Alison Mosshart, la chanteuse des Kills et des Dead Weather. C'est elle qui m'a donné envie de chanter. Le fait que Tom soit aussi à fond dans ce groupe, ça nous a donné envie de créer ensemble.

Il y a toujours ce côté bluesy dans vos influences...
* Tom : Quand j'ai commencé la musique en écoutant Led Zeppelin, tu sens que leur grosse influence c'est le blues-rock. 
* Anthony : Les grilles de blues chez Led Zep, c'est omniprésent...
* Tom : Ils ont tous commencés avec le blues qu'ils ont appris dans les années 1960. Forcément, je suis influencé par ce style, mais je ne n'ai jamais appris à en jouer. Par contre j'ai écouté beaucoup de bluesman comme Robert Johnson par exemple.

 

Crédit photo : Max Martins

Crédit photo : Max Martins

Que racontent les textes d'Underground Therapy ?
* Sarah : Les textes sont complètement liés au nom du groupe. A travers mes textes, j'exorcise mes démons. Souvent, je pars d'une histoire qui m'est arrivée et je la transforme pour qu'elle devienne une petite fiction. Je mets mes tripes dedans à chaque fois. Insomnia parle de mes insomnies et forcément ça parle de la folie qui en ressort. Depuis des années, j'ai du mal à dormir et tu te prends la tête à te demander pourquoi tu n'arrives pas à dormir. Le bruit de l'extérieur peut devenir insupportable, tes pensées tournent et ça te fais te relever dans la nuit pour tenter de te calmer. Pour moi c'est ça Underground Therapy. Les textes sont les fouillis de mes névroses. Mais il y a des exceptions aussi. Kubrick ou Donnie Darko sont des références au cinéma. J'aime faire des références au septième art, aux films qui m'ont marqués. Il y a l'aspect esthétique que j'ai envie de retranscrire dans le texte. Ce sont les deux lignes directrices principales dans ce que j'écris.

Ca tombe bien que tu parles de cinéma... Il y a d'autres formes d'arts que la musique qui vous inspirent pour créer votre son ?
* Anthony : Le cinéma c'est un bon exemple de Sarah. Pour Insomnia, je me souviens que quand on avait commencé à structurer le morceau, on était parti sur l'idée d'un clip qu'on se faisait autour du titre. Finalement, on a jamais eu les moyens de faire ce clip là mais on a le morceau structuré grâce à ça. La vidéo et le cinéma ça nous parle beaucoup.
* Sarah : Le visuel et le cinéma c'est très important pour moi. J'ai d'autres textes sur des films ou séries qui m'ont marquées. Notamment la série Twin Peaks, mais aussi sur des séries ou livres qui m'ont touchées. On est une génération très influencée par la pop culture. Avoir un groupe ça mêle obligatoirement plusieurs arts. Tu fais la musique, certes. Mais aussi du visuel, du son, du mix. Tu es multitâche si l'on peut dire. Aussi à travers tes textes, tu peux parler de l'actualité, avoir des messages politiques... Même si mes deux trames principales ce sont mes névroses et le cinéma, il peut y avoir des sous-textes féministes ou militants. Si ce n'est pas flagrant ou explicite, tu peux lire à travers les lignes qu'en fait c'est l'histoire d'une nana qui ne va pas bien parce qu'elle a été dans une relation toxique, que le patriarcat a eu de l'influence de sa vie et qu'elle veut s'émanciper. Bien sûr ce n'est pas dit comme ça, mais c'est ce qu'il y a derrière.

Vous avez sorti une démo comprenant deux titres, Insomnia et Donnie Darko. Pourquoi vous avez choisi ces deux titres ?
* Tom : Donnie Darko, on le joue depuis plus de deux ans. Au contraire, Insomnia c'est un morceau qui n'a même pas un an. Il est très récent. L'idée c'était d'enregistrer un morceau que l'on jouait depuis "toujours" et un autre, plus récent, qui amène peut être à se rendre compte de l'évolution que l'on a pu avoir pendant tout ce temps. 
* Sarah : Surtout qu'en plus Donnie Darko, on l'avait déjà enregistré mais c'était une ancienne version avec une autre tonalité et surtout on avait encore le clavier. On était très content d'avoir pu l'enregistrer mais on a voulu donner une seconde vie à Donnie Darko.
* Anthony : C'est un titre important. A travers ses ambiances notamment, il représente bien ce qu'est Underground Therapy. Ca aurait été dommage de ne pas l'enregistrer avec la nouvelle formation.

 

Crédit photo : Gzav Leroy

Crédit photo : Gzav Leroy

Des visuels ont aussi été créés pour l'occasion. Comment les avez vous choisi ?
* Sarah : Dans le groupe, on a la chance d'avoir Gzav, notre bassiste, qui avant était infographiste de métier. Il adore faire des visuels et il s'est lancé dans la création pour les pochettes des deux singles. On a filmé Insomnia, voilà un scoop, et le visuel du titre sur internet est une référence à ce qu'on a pu faire. Pour Donnie Darko, il a eu carte blanche pour la création. Il a voulu faire un clin d’œil au film avec le voyage dans le temps.
* Tom : Il a aussi repris le code couleur du film et de certaines photos qui ont été prises de nous en live. Pour le tremplin Emerganza au Bikini, on nous avait demandé les couleurs de lumières que l'on voulait avoir pour nous accompagner sur scène. On avait pris surtout des tons bleus et violets. C'est pile ce qu'il a réutilisé.
* Sarah : Au début, on voulait partir sur la dualité. Cette dernière existe dans le film. Est ce que Donnie Darko n'est pas fou dans le film ? Est-il schizo ? On avait envie de partir sur ce côté dont on ne sait pas ce qu'il se passe. On s'est dit banco avec son hommage !

Vous avez travaillé avec Chris Rod pour vous faire photographier, comment l'avez vous rencontré ?
* Sarah : Avant j'étais batteuse dans un duo rock baptisé The Storm Makers et on avait fait pas mal de concerts avec The Psychedelic Revolution. La photographe de cette association était Chris Rod. Pour Underground Therapy, on a eu besoin d'une photographe pour immortaliser notre passage au Bikini et on a fait appel à elle. 
* Anthony : Elle a une approche très artistique de la photo de groupe. Ce n'est pas des photos classique, et ça nous parlait carrément. On voulait quelque chose d'original, pas seulement poser en disant "Regardez comme on est beau", ça ne nous disait pas trop. 

 

Crédit photo : Jean Marc Jouany

Crédit photo : Jean Marc Jouany

Vous pouvez nous parler de votre collectif Sounds & Rags ?
* Sarah : J'avais eu cette idée depuis déjà un certain moment, mais j'ai toujours repoussé à plus tard. L'accompagnement artistique nous a un peu poussé à créer un collectif. On nous a fait comprendre que ça nous permettrait de nous sentir moins seuls, de s'échanger des infos, etc. Je me suis dit que c'était okay pour le collectif mais pas une grosse machine. Que ce soit avant tout les copains. On a réfléchit sur les groupes à intégrer dans Sounds & Rags. On voulait surtout des groupes avec qui ça s'était bien passé en tournée. J'ai rassemblé tout le monde sur un groupe facebook privé et j'ai tout expliqué le projet. C'est principalement de l'échange d'informations, se donner la priorité si on a des dates et aussi de donner de la visibilité à des groupes qui galèrent. Le cœur du collectif c'est l'entraide et ça fait depuis juin que le collectif existe. Au début, j'étais seule à chapeauter Sounds & Rags mais désormais il y a Maïlys, la chanteuse guitariste de Sweet Monsters qui m'assiste. 
* Anthony : Ce collectif va de pair avec le fait qu'on essaie de sortir de notre grotte depuis quelques temps. D'essayer de se bouger et de faire des choses avec Underground Therapy. On se rend compte avec notre accompagnement du boulot que c'est de faire vivre un groupe : la com', le booking, se créer un réseau... On se dit que c'est con d'être aussi nombreux à galérer alors qu'on pourrait s'échanger des infos. 
* Tom : Il faut que ça reste à taille humaine aussi. Il y a de nombreux groupes qui nous ont demandés ou à qui on pourrait demander de rejoindre le collectif. Le soucis c'est qu'on déjà un certain nombre, il y a seize groupes dans Sounds & Rags. C'est déjà assez galère à gérer pour Sarah.
* Sarah : C'est quelque chose qui t'oblige à t'enfermer chez toi. En plus avec Maïlys, on se rajoute du taf. On veut faire des interviews filmés de chaque groupe du collectif avec cinq questions types pour faire une présentation. On se dit qu'on ne devrait s'occuper que nos groupes, mais bon. Tant pis si on galère, on ne veut pas avoir de frustrations dans dix ans on se disant qu'on aurait du faire ça. 
 

Votre meilleur souvenir de scène ?
* Anthony : C'est compliqué d'en avoir un seul... Je veux parler du Connexion, c'était notre première grosse scène ensemble. J'y ai vu pleins de concerts là bas, il y a une ambiance particulière. Le Bikini c'était fou aussi, même si c'était pour Emerganza... C'était l'usine avec vingt minutes de set et après on dégage. Mais ça fait un truc de jouer là bas quand même. Dans des salles plus petites comme la Cave à Rock, j'ai des supers souvenirs. Alors en retenir qu'un seul, pour ma part, c'est difficile. 
* Sarah : J'ai du mal à choisir aussi ! A force de bosser, on progresse et on se dit qu'on a évolué positivement sur certains domaines. Si je devais en choisir un en terme juste d'émotions, mais pas de qualité ou autre, je dirais le showcase du Tarn & Garock, parce que ça a été le premier concert de la nouvelle formation. On avait changé de bassiste et de batteur respectivement un et deux mois avant. Au moment de monter sur scène, on ne savait pas ce que ça allait donner... Et ça c'est super bien passé. C'était un super moment de cohésion pour le groupe, on avait beaucoup bossé en amont du concert et on a été bien récompensé avec ce live. 
* Tom : Je mettrais aussi le showcase en numéro un. C'était notre premier concert avec la nouvelle formation, on ne savait pas à quoi s'attendre. Ca a été génial ! On est ressorti sur scène plus soudés qu'avant. Ensuite c'est le Bikini, j'ai vu beaucoup de concerts là bas et j'ai toujours rêvé de monter sur cette scène. Le jour où on a pu accéder à l'envers du décor, c'était fou. Quand tu vois tout le matos stocké ou toutes les affiches des groupes qui ont joués là... Tu te prends une pression de fou. Tu sens le poids du truc.

Le pire ?
* Sarah : Je sais ! Notre tout premier concert, c'était un concert secret. C'était dans une salle des fêtes pour une soirée privée pour quelqu'un qui partait au Japon... Et je pense que ce soir là les personnes présentes n'en avaient rien à foutre de la musique. C'est typiquement le genre d'événements où tout le monde bouffe et discute. Le groupe après nous a été interrompu parce que quelqu'un avait un message à faire passer, tu vois le truc ! Tout le long je me demandais ce que je foutais là.
* Tom : Moi je ne sais pas trop... Peut-être le premier concert au Connexion. Moi c'était mon premier très gros concert, je n'en avais pas fait avant, et cinq minutes avant de monter sur scène. C'était la nausée et j'étais mal. En plus, le Connexion était blindé ce soir là. Ca a été le pire et un des meilleurs parce qu'au final on fini premier des votes devant tous les potes, la famille, les collègues de taf...

Vous avez un scoop pour moi ?
* Sarah : Oui ! Le 2 octobre on sort un clip sur le morceau Insomnia. C'était un rêve depuis longtemps de faire un clip et on a décidé de le faire nous même. J'adore faire du montage vidéo et j'avais envie de me faire plaisir à faire un clip. 

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