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Rockfanch

[INTERVIEW] SLIFT

Publié le 29 Février 2020 par rockfanch in Interviews

Crédit photo : Franck Alix

Crédit photo : Franck Alix

Première question, vous pouvez nous présenter en quelques mots, Ummon votre nouvel album ?
* Jean (chant, guitare) : Ummon est un double album avec une trame narrative. C'est une histoire homérique puisque l'on s'est inspiré de 
L'Odyssée, entre autres pour écrire ce périple épique. 

C'est inspiré par L'Odyssée comme tu viens de nous le dire, mais transposé dans l'espace...
* Jean : Il y a quelque chose comme ça oui. Mais c'est plus le côté odyssée dans le sens périple que véritablement l'ouvrage en lui-même qui nous a inspiré pour écrire Ummon. Ça raconte quelque chose de totalement différent. Ummon, c'est l'histoire de Titans qui quittent la Terre pour chercher leur créateur. Hyperion, l'un d'entre eux, va finalement revenir sur Terre.

Comment est née cette histoire, vous vous êtes dit en composant les différents titres qu'il y avait un lien ou vous avez tout écrit avant de composer ?
* Jean : Ça c'est fait en y réfléchissant. On a mûrit le disque au fil du temps. J'ai vu qu'on avait envie de raconter quelque chose, pas de faire une succession de titres. Le principe du concept album nous plaisait aussi beaucoup. Cette histoire est venue petit à petit. Ce n'était pas la musique avant le texte. Non. Tout a été créé en même temps.

Ummon sonne plus heavy que ces prédécesseurs, vos influences changent ou vous avez voulu un son plus brutal pour illustrer cette histoire de titans ?
* Jean : Par rapport à notre album précédent, La Planète Inexplorée, on a écouté pas mal de nouveaux groupes. Les influences changent et on a plus l'impression de notre côté, de trouver notre son. C'est comme tous les groupes, plus tu avances, plus tu mûris ton son et plus tu sais précisément ce que tu veux faire. On est extrêmement fier de nous et c'est aussi cool que tu nous dises que tu sens que notre son évolu.

Il y a eu Space is the Key, La Planète Inexplorée, maintenant Ummon... L'espace est un univers qui inspire votre musique ?
* Jean : Pour le moment on est bien là dedans ! Je ne sais pas à quoi c'est dû, mais tout ça nous parle.  Ce sont des grandes sources d'inspiration puisque cet univers est inépuisable. 

Est-ce que les trois albums peuvent être liés dans un univers qui vous est propre ?
* Jean : Oui ! On y a réfléchit. Il y a des liens qu'on a remarqué mais qui sont complètement... En fait je ne vais rien dire à ce sujet-là ! Mais effectivement tu peux y voir des liens. Il y a des connexions entre les disques et des choses qu'on aime remettre, des clins d’œil que l'on fait dans les textes ou dans les riffs.

 En parlant de texte, comment naît un texte de Slift ?
* Jean : Concernant Ummon, j'ai vraiment fait une trame, comme si j'écrivais une nouvelle. Tous les textes étaient guidés par cette trame. Chaque morceau représente un chapitre ou une partie de cette histoire. Les textes sont beaucoup plus descriptifs du coup, pas fumeux. Comme un chant de "légende" tu vois, si tu lis tout le texte tu vas comprendre ce qu'il se passe.

Pourquoi avoir choisit Hyperion comme premier clip de l'album ?
* Jean : Bonne question... Gauthier, qui fait les vidéos pendant nos lives, avait envie de faire une vidéo sur ce titre. Il l'a réalisé avec Dimitri, un pote à lui qui a fait toute la partie 3D, faire ce clip. C'est un morceau qui leur parlait bien, donc on était okay. Il n'y a pas eu plus de discussions que ça en fait.

Si l'on compare à vos anciens clips, on se rend compte que Hyperion est en noir et blanc, alors que vos clips précédents étaient plutôt colorés. Est-ce qu'on peut dire que cet album a un univers plus sombre que les précédents ?
* Jean : Ce disque on l'a voulu plus dépouillé que les précédents. Tout l'artwork est en noir et blanc par exemple. On est hyper fan de ce qu'à fait Caza, on avait cette envie de noir et blanc. On a toujours fait des trucs hyper colorés, La Planète Inexplorée, partait un peu dans tous les sens parce qu'il était moins mûrit que Ummon. Là on voulait partir sur quelque chose de carré. Le noir et blanc c'est sobre et monolithique. On tend vers des choix plus radicaux avec le temps. Quand on veut faire quelque chose, on veut le faire à 100%. On part tous à fond dans la même direction, pour les titres on voulait que ce soit cinématographique. 

Faire une sorte de spectacle total sur disque, son, image, artwork...
* Jean : C'est ça, créer un objet artistique, en toute modestie bien sûr, que tu puisses regarder en te disant que c'est beau. C'est exactement ce que l'on voulait faire. On voulait pas faire un truc à moitié. Avec Ummon, on s'est donné le temps et on ne regrette rien dessus puisqu'on l'a fait comme on le souhaitait.

On retrouve aussi des invités sur votre album... C'était une volonté de votre part d'élargir le spectre musical ?
* Jean : Non, en fait on voulait vraiment bosser avec Olivier Cussac, qui est l'ingé son du studio Condorcet là où on a enregistré. On connait très bien ses talents de compositeurs de musiques de films et plus largement de musicien et d'arrangeur. Il a beaucoup participé durant le studio à l'élaboration du disque. Il nous a pas mal conseillé pour choisir tel ou tel instrument pour jouer un riff différemment par exemple. Clémence pour les voix, elle a ajouté un côté choral que l'on souhaitait. On voulait rajouter des chœurs. Personnellement, je suis hyper fan d'une artiste qui s'appelle Alice Coltrane et dans sa musique il y a énormément de voix. C'est magique. Kamasi Washington aussi dans The Epic rajoute beaucoup de voix féminines ou masculines qui ajoutent de la magie autour des thèmes. 

C'est une volonté de repousser les limites de votre son garage pour expérimenter aussi ?
* Jean : Exactement ! Par rapport à ce disque, le côté garage a disparu musicalement parlant. On a voulu sortir des schémas classiques. Aller dans une direction où on nous attends un peu moins afin de faire notre propre son. 

[INTERVIEW] SLIFT

Sachant que vos trois albums ont chacun leur univers, comment faites vous sur scène pour les faire cohabiter ?
* Rémi (basse, chant) : Ils cohabitent pas trop... Ça dépend du temps de jeu mais pour le moment on ne joue que Ummon sur scène. Les anciens titres ne sont pas joués. La question ne se pose pas trop, mais on commence à se la poser pour les prochains concerts à venir et notamment la release. Pour le concert de Toulouse, on voudrait jouer d'anciens titres. On y réfléchit à comment incorporer les anciens morceaux... Et à les réadapter.
* Jean : Notre son a évolué et quand tu joues les anciens morceaux tel quel tu te dis "Wahouuu". T'es un peu perdu parce que le son a évolué. Après vu qu'Ummon est très conceptuel, ça nous fait plaisir de jouer un maximum des titres de l'album sur scène. Les morceaux s’enchaînent bien les uns avec les autres et ils sont dans le même mood. On fait rarement cohabiter les anciens et les nouveaux pour le moment.

Ça brise aussi le récit scénique de votre set si vous commencez à partir dans les différents albums sachant qu'il n'y a pas de liens clairs entre les disques ?
* Rémi : C'est lié ... Mais ils ne sont pas dans la même vibes. On est accordé un ton en dessous par rapport aux derniers albums, du coup les morceaux sont plus lourds désormais. Avant, c'était plus garage, donc plus "joyeux". Il y a un contraste entre les deux que l'on a pas encore trouvé. Les cassures seraient trop importantes en fait pour le public comme pour nous.
* Jean : On a composé cet album comme une suite de morceaux qui s’enchaînent les uns entre les autres. C'est difficile de casser le récit scénique en jouant à la suite des titres qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. C'est rare aussi qu'on puisse jouer une heure et quart mais dans l'idée ce que je voudrais c'est qu'on puisse jouer l'album dans son intégralité. 

Ummon dure une heure et quart, mais vous n'avez pas ce temps pour jouer en live, comment vous choisissez les titres que vous allez jouer sur scène ?
* Jean : On prend les titres qui marchent vraiment bien en live. 
* Rémi : Les titres instrumentaux dans un set de quarante-cinq minutes, ont moins leur place que des titres qui sonnent plus dans le disque. Ça se joue comme ça. Si on a une heure et quart, on peut jouer l'album en entier. 
* Jean : Sur un set de quarante-cinq minutes, faut que ça bastonne, alors on omet les titres plus calmes. On fait ce choix là. 

Votre tournée Ummon a débuté en janvier, vous avez déjà du réadapter votre set voyant que certains titres ne marchaient pas en live ?
* Jean : Non. Bien sûr, les titres évoluent en live, on ajuste. Il y a des choses qui peuvent s'ajouter ou s'enlever mais pour le moment pas de gros changements sur la setlist. Pas de surprise par rapport aux lives.

Passons maintenant à la partie mercato de l'interview... Avant vos albums sortaient sur Howlin' Banana et Ummon est votre premier disque à sortir chez Vicious Circle. Pourquoi ce changement ? Vous avez un coup de cœur pour Vicious ?
* Rémi : Oui... Et inversement !
* Jean : Ça fait depuis longtemps qu'on suit les artistes de chez Vicious et il s'avère aussi que notre tourneur travaille beaucoup avec lui. It It Anita ou Lysistrata sont à la fois chez Vicious et chez notre tourneur, Jerkov. Il y avait une connexion naturelle entre les deux. Après l'enregistrement d'Ummon, Jerkov a proposé notre album à Vicious. Ils ont aimé et ça s'est fait de manière rapide. Par rapport au son du disque et aux morceaux, on sort du garage pop qui est très présent chez Howlin. On se reconnait plus maintenant dans le roster de Vicious avec ce son que dans celui d'Howlin. On aimait aussi le fait qu'il n'y ait pas d'étiquette chez Vicious, ça casse notre étiquette hyper "garage" parce qu'on écoute beaucoup d'autres choses. On s'est ouvert sur beaucoup d'autres choses. 

C'était aussi logique d'aller chez Jerkov parce qu'ils sont basés à Toulouse ?
* Jean : On s'est rencontré, on a sympathisé et humainement ça l'a fait... Et comme ils sont à Toulouse c'est plus simple parce qu'on se voit régulièrement pour parler dates, plans ou ce que nous allons nous faire dans trois mois. C'est plus pratique pour nous, plus humain parce que ce n'est pas géré par mail. Et on peut boire des bières ensemble !

Ça vous fait aussi une charge de travail en moins, puisque vous n'avez plus à tout gérer vous même.
* Jean : Carrément, ça change tout puisqu'on peut se concentrer uniquement sur notre musique. On a tout booké par nous même pendant longtemps. En peu de temps, on s'est construit une petite famille avec laquelle on peut construire des tournées, penser des albums... C'est hyper confort pour nous. On peut se concentrer sur notre musique et ne plus perdre de temps à démarcher. Grâce à ces gens là, on peut faire autre chose et se concentrer à 100% sur notre musique. 

Et ce n'était pas des petites tournées, c'était à  travers toute l'Europe !
* Jean : Oui mais rapidement on a eu des gens pour nous aider dans chaque pays, mais c'est vrai qu'en France on faisait tout par nous même. Après, même si c'est quelqu'un d'autre qui le fait pour toi, tu dois toujours être en relation. Là vu que c'est Jerkov qui a pris la main, ça fait une charge de travail en moins. Tu peux plus approfondir la partie musicale et pousser ta musique au maximum parce que tu n'as rien d'autre à penser ou gérer.

[INTERVIEW] SLIFT

La release va avoir lieu au Mix Art, pourquoi ce choix de salle ?
* Jean : La dernière release était aux Pavillons Sauvages... On voulait trouver une salle dans le même esprit que les Pavillons. Trouver un endroit où on peut faire une soirée qui peut finir quand on veut. 
* Rémi : La bière pas chère, des prix libres... 
* Jean : Quand on joue à Toulouse, on veut des concerts à prix libre. T'es là pour passer un bon moment et faire la fête. C'est pour ça que l'on a choisi le Mix'Art. Ça fait longtemps qu'on entend parler de ce lieu et on a jamais pu travailler avec eux. Là c'était l'occasion d'aller faire coucou et de se présenter. 

Vous pouvez nous parler des groupes qui vont vous accompagner pour cette soirée du samedi 7 mars ?
* Rémi : Il y aura Korto, c'est un groupe avec qui on a beaucoup tourné. Je ne vais pas décrire la musique, le mieux c'est d'aller les voir le 7 mars lors de la release party que l'on organise. On tenait vraiment à faire une grosse fête avec tous les copains. On voulait la main mise sur la programmation et ne pas être rajouté sur une soirée. En live, Korto c'est un groupe qu'on adore et qui met des grosses claques en live, c'est normal qu'ils soient là. 
* Jean : Il y aura aussi Edredon Sensible, un groupe Toulousain. C'est une formation atypique avec batterie, percussions et deux saxophones (alto et baryton). C'est hyper bien... C'est de la transe brutale et rythmée. On adore ce qu'ils font, ce mélange entre polyrythmie et world music avec des influences africaine et caribéennes...
* Rémi : La soirée va être hyper éclectique, il y a un peu de tout. C'est pas que du rock, il y a de l'énergie partout. Ça va être très chouette. 

Trois raisons pour convaincre les gens de venir à la soirée du 7 mars ?
* Rémi : La première c'est parce qu'il y a Edredon Sensible, la deuxième c'est parce qu'il y a Korto et la troisième parce qu'il y a Slift !
* Jean : C'est clair que tu passes une bonne soirée si tu viens... Et ça fait un moment que l'on a pas joué à Toulouse. Ça va faire depuis décembre 2018 et la release de La Planète Inexplorée.

Votre meilleur souvenir de concert ?
* Jean : Il y en a beaucoup des concerts qui se passent hyper bien. 

Les Trans ?
* Jean : Cest très particulier. C'est énorme comme endroit, ça passe hyper vite.
* Rémi : On avait jamais joué devant autant de monde...
* Jean : J'ai adoré Binic pour ma part. On jouait en fin d'aprem' les gens étaient hyper chauds...  Entre autres ! La release du Pavillon était hyper cool. Celle du Mix Art sera encore plus folle.

Et le pire concert ? 
* Rémi : Ce coup-ci on est tous d'accord je pense. On avait un concert en Italie qui nous éloignait totalement de notre route. C'était un détour pour choper cent balles alors qu'on avait cent cinquante euros de frais de route. On s'est retrouvé chez un mec qui connaissait pas le respect en fait. Pour manger on a eu des conserves chinoises avec du pain moisi bleu. Et ça pour huit personnes. Il y aussi un groupe chilien programmé avec nous avec qui nous on a sympathisé. On a joué dans son salon, il ne nous a rien fait visité de sa maison. Il y avait dix personnes dans la soirée. On avait pas de couvertures, on a piqué le drap de la projection et on a dormi par terre. On te dit ça mais après coup on s'est bien marré avec ça. On en parlera pendant longtemps de ça ! Ça fait une bonne anecdote à raconter...

Est-ce que vous avez un scoop pour moi ?
* Rémi : Un scoot ? Il y a un TMax de garé devant là. 

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