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Rockfanch

[INTERVIEW] ROPOPOROSE

Publié le 24 Avril 2020 par rockfanch in Interviews

Crédit photo : Mattias Launois Photo

Crédit photo : Mattias Launois Photo

Comment est née l’envie de faire un ciné-concert ?
Ça faisait quelques années qu'on voulait faire un ciné-concert, notamment après avoir vu ce magnifique film Américain de 1960, The Savage Eye, dont on avait d'abord découvert les images par un clip officieux d'une chanson de Slowdive sur Youtube. On avait adoré ce film et on voulait vraiment pouvoir jouer dessus un jour. On avait jamais essayé de mettre ça en place, et puis il y a deux ans le festival Travelling à Rennes nous a proposé d'en créer un, alors on a sauté sur l'occasion.

Pourquoi avoir choisi ce film, Dark Star de John Carpenter, en particulier ?
On ne connaissait pas du tout ce film avant la proposition du ciné-concert. Au départ, Travelling voulait nous proposer Robocop, mais ils n'ont pas eu les droits. Ils nous ont alors dit de regarder dans les rééditions d'un distributeur, Carlotta, où on est tombés sur Dark Star, et on l'a  vraiment adoré. On a vite imaginé pouvoir tourner des scènes à la dérision, jouer avec le ton. Puisque le film se moque parfois de lui-même, alors on pouvait le faire aussi, c'était un bon exercice !

Quelles sont les difficultés liées à la composition pour un ciné-concert ? 
Quand on veut vraiment coller à l'image au plan près et suivre les intentions des personnages, c'est très dur de trouver le bon tempo auquel jouer les morceaux. On a beaucoup galéré sur certaines scènes à cause de ça, à trouver les bons repères visuels ou audio pour être sûr de commencer ou de finir au bon moment. Je dirais que la difficulté principale vient du fait que le film, quoi qu'il arrive, ne s'arrêtera jamais et qu'il faut parfois lui courir après.

Vous êtes vous senti bridé par l’exercice ? C’est à dire coincé par l’œuvre de Carpenter ou par le fait qu’il fallait composer uniquement pour le live ?
Au début, on s'est un peu sentis illégitimes à enlever la musique du film, notamment parce que c'est Carpenter qui l'a entièrement composée. Et aussi, on aimait vraiment bien la bande originale, ça nous fendait un peu le cœur de la retirer. Mais après, on s'est dit que composer dessus était juste un exercice, que c'était drôle, et qu'on n'enlevait rien au film.

Qu’est ce que cet exercice pourrait apporter aux futures compositions de Ropoporose ?
Je dirais un peu plus de synthés. Notre musique dans ce travail est fortement influencée par les instruments que nous avons décidé d'utiliser. Et les synthés y occupent une grande place. Donc peut-être plus de synthés, et peut-être plus d'instrumental, qui sait !

Est-ce que vous avez observé le travail d’autres artistes sur des ciné-concerts ou vous êtes vous directement lancé dans le sujet sans questionnement ?
Avec feu le festival du film de Vendôme et la programmation annuelle, on a très souvent assisté à des ciné-concerts, et on est de ce fait assez coutumiers de l'exercice, en spectateur au moins. Je pense qu'en avoir beaucoup vus plus jeune nous a certainement aidés dans le choix du ton à avoir. Sûrement, et parce que l'on avait beaucoup aimé certaines associations musique/image, et parce qu'il y a des écueils que nous avons aussi pu voir et vouloir éviter.

On a rarement des albums de “ciné concert". Qu’est ce qui vous a décidé à transformer cette création uniquement scénique en disque ?
Effectivement il n'était pas prévu d'enregistrer ces compositions, étant donné que nous ne les imaginions pas sans l'interaction au film. Et puis l'idée est venue à notre distributeur, L'Autre Distribution, de sortir notre travail, sur la seule base de la confiance et de la curiosité. Ça nous a fait plaisir, on a réfléchi à l'adaptation des compositions pour le format d'un disque. On a fait en sorte de rester au plus près des formats filmiques, quitte à ce que cela donne des bouts de morceaux de 40 secondes, des longueurs, c'était important pour le bien-fondé de l'entreprise !
Au début on souhaitait aussi garder le lien narratif du film en intégrant des ambiances sonores du film, mais cela était trop compliqué au niveau de la recherche des droits. On a finalement juste gardé la trame chronologique de notre ciné-concert, les titres des morceaux sont ce lien au récit, ils renvoient aux passages que nous avons mis en musique.

Seul le film vous a inspiré pour composer où vous avez pu partir dans d’autres domaines pour trouver l’inspiration, comme la musique ou la littérature ?
Nous sommes restés très près du film, qui est quand même un objet bien déroutant, avec beaucoup de pistes à explorer. Musicalement, on s'est donné un panel instrumental plus grand que d'habitude, notamment un orgue, un piano à pouce électrifié... on voulait avoir plein d'ambiances instrumentales possibles pour ne pas cloîtrer le film dans une ambiance musicale.
Ça a donné des résultats parfois kraut, tribaux voire indus, qui nous ont un peu fait penser à des vieux Nick Cave, ou des choses assez froides comme Beak>.

[INTERVIEW] ROPOPOROSE

Pourquoi revenir au Studio de la Brisse pour enregistrer cet album avec Lionel Laquerrière ?
Parce que c'est près de chez nos parents, et que c'est avec Lionel que nous avions réalisé notre premier album, Elephant Love. On se connaît très bien et on s'apprécie beaucoup, et puis travailler là-bas c'est un peu comme une seconde maison, il n'y a pas d'impératifs stressants, on est bien !

Sachant que vous avez déjà travaillé sur un ciné-concert, vous pourriez en faire un autre ?
On aimerait beaucoup réitérer ce travail d'écriture, ça nous a fait beaucoup de bien de changer de manière de travailler. Composer sur un film est un exercice de style qui oblige à sortir de ses habitudes, à travailler d'avantage l'imagination. C'est très enrichissant !

Votre meilleur souvenir durant la composition de ce ciné-concert ?
Nous avons composé le gros de ce ciné-concert en trois résidences de quatre jours chacune, entre juin et août 2019. Toujours dans un même endroit : une grange troglodyte très fraîche, creusée dans le tuffeau, près de Vendôme. C'est un espace avec une grande résonnance, au milieu d'une campagne splendide. C'est toujours un super souvenir de repenser à cet endroit.

Le pire ? 
Les moments de doute et d'énervement, fort heureusement, ne sont pas ceux dont on se
rappelle le plus !

Un scoop pour Rockfanch ?
Pas vraiment un scoop ou alors mercantile, mais on est vraiment très heureux de dire que Julien/CDM, un auteur de BD génial de chez Fluide Glacial, a réalisé une affiche d'art pour notre ciné-concert, qu'on vend en tirage très limité sur notre bandcamp, pour les amateurs du neuvième art !

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