Comment est né Slift ?
Jean (chant et guitare) : Rémi (basse) et moi on est frères. On a rencontré Canek (batterie) au lycée. On a tous les trois joué dans divers groupes à cette époque-là, plutôt axé punk-rock. Ensuite on a découvert la nouvelle scène psychédélique. On a tout de suite adoré ce son et eu envie de faire cette musique là. Slift est né comme ça il y a un an et demi.
Pourquoi avoir choisi Slift comme nom ?
Jean : C'est le nom d'un personnage d'un roman que l'on aime beaucoup intitulé La Zone du Dehors d'Alain Damasio. Ce nom, ainsi que ce personnage, nous parlait alors on l'a pris pour nommer notre groupe. D'ailleurs je vous invite à lire ce livre.
C'est un roman psychédélique ?
Jean : Un peu oui... C'est un roman d'anticipation qui se passe sur un satellite de Saturne. L'histoire n'est pas forcément psychédélique, mais elle nous plaît beaucoup. A l'instar de la science fiction en général.
Avant de parler plus en détails de vos influences, j'aimerais qu'on évoque votre musique... Il y a des éléments rock, stoner, garage ou psychédélique. Est ce que votre musique ce ne serait pas du rock avec un grand R ?
Jean : Il y a plein d'influences parce que l'on écoute beaucoup de choses comme du garage et du rock psychédélique. Quoiqu'en fait pas beaucoup de garage. On ne se limite cependant pas au rock puisqu'on écoute aussi du folk, de l'électro... Le leitmotiv en live c'est vraiment le côté brut et sonore.
Il faut qu'il y ait un impact et on adore jouer tous les trois. Beaucoup de moments sont improvisés et c'est ça qui nous fait vraiment kiffer dans les concerts. C'est à dire modeler les morceaux par rapport à nos cds ou changer des trucs. Tout ça se retrouve dans la musique improvisée ou psychédélique. Le sommet de cette scène psyché c'était dans les années 1960 et 1970, il y a eu un gros pic. Maintenant ça revient et c'est génial.
Vous pourriez citer quoi comme influences ?
Jean : Il y en a beaucoup puisque l'on n'écoute pas forcément les mêmes choses. On peut citer Can, Jimi Hendrix, Miles Davis ou le Grateful Dead sans oublier des artistes plus récents comme King Gizzard & the Lizard Wizard. On adore aussi un groupe américain qui s'appelle Cave, de vrais tueurs. Sans oublier Korto, un groupe de Haute-Savoie. En général, on adore tous les trois fouiller sur Youtube pour trouver de nouveaux groupes.
Vous aimez découvrir des nouveaux sons par vous-même ?
Jean : Carrément ! Des groupes avec qui on joue et que l'on cherche sur Youtube. Du coup c'est très très vaste ce que l'on écoute. On est très ouvert.
Ces découvertes nourrissent votre univers ?
Jean : Bien entendu, tant la musique que des films que l'on peut voir. On se nourrit de tout ce qui peut nous permettre de créer.
Tu fais bien de parler de ça puisque ma prochaine question est justement sur les influences qui ne sont pas musicales au sein du groupe. Vous êtes influencés par la science fiction, c'est ce que l'on voit bien sur la pochette où l'ambiance est quasiment post-apocalyptique ?
Jean : C'est un univers que l'on adore, Pierre Ferrero qui a travaillé dessus a vraiment réussi à bien cerner notre travail. On est fans de plein de films et de livres de SF, c'est vraiment quelque chose qui nous parle. Je ne saurais même pas dire pourquoi, mais ça nous parle.
La science fiction a aussi peut-être un côté psychédélique ?
Jean : Complètement oui. Notamment avec tout ce qui concerne les voyages temporels ou spaciaux, ça a un côté mystérieux.
Comment ça se passe la création dans Slift ? Ca part d'un riff, d'un sample ?
Jean : Les morceaux chez Slift partent quasiment toujours d'un riff ou d'une jam que l'on fait. On l'enregistre avec un magnétophone tout simple et derrière on le retravaille. On écrit des textes. Parfois il arrive aussi que l'on garde la jam telle quelle sans rien toucher. On rajoute juste du texte ou pas. Même si chacun réfléchit de son côté, c'est vraiment à trois que la musique de Slift est composée.
Chacun apporte sa patte au sein de Slift ?
Jean : Absolument ! Tout le monde apporte son idée. Comme j'écris les textes j'ai parfois des idées bien précises. Sinon ça part réellement de chaque membre du groupe.
Les textes de quoi ça parle ?
Jean : Ca parle beaucoup de SF. On est pas un groupe engagé... Je dirais presque que c'est fumeux. On créé une sorte de poésie avec des mots qui sonnent bien. Vraiment les textes de Slift, ça parle surtout de voyages qu'ils soient spaciaux ou temporels. C'est très imagé.
Maintenant, on va parler de Space is The Key votre album. Pourquoi ce nom là ?
Jean : C'est un nom qui nous parle parce qu'on adore un groupe qui s'appelle Hawkwind. Ils avaient une sorte de dicton qui disait "L'espace est la clé". Il s'avère que le groupe n'a pas fait de morceau avec ce nom là et la phrase est quelque chose qui nous a parlé. On s'est dit que l'on allait appeler notre EP ainsi.
On va maintenant parler de la pochette. Il y a côté avec le recto et le verso, enfer et paradis mais nuancé à chaque fois comme votre musique ?
Jean : L'auteur de la pochette, Pierre Ferrero, travaille beaucoup sur la symétrie. Tous ses visuels sont construits ainsi. Il a géré ça comme ça et il a très bien cerné ce que l'on exprimait à travers notre musique.
Comment Pierre Ferrero a t-il travaillé sur la pochette ? Il avait les morceaux de l'EP pour s'en inspirer ?
Jean : Il avait tous les morceaux, oui. On ne lui a même pas donné de pistes. Il a écouté les morceaux et on lui a filé les textes. Un mois plus tard il nous a envoyé les deux illustrations qui sont sur Space is the Key et on a trouvé ça nickel.
Sur votre cd, il y a quelque chose que je n'avais jamais vu avant. Il n'y a aucune indication. Ni le nom de l'album, ni celui du groupe. Pourquoi ?
Jean : C'est un choix de notre part. On aime bien les albums où il n'y a rien. C'est pas légion ce genre d'albums, même si ça existe tout de même. C'est un truc qu'on aime bien et on avait envie de totalement laisser la place à l'illustration.
Place à l'artiste !
Jean : Complètement ! On adore par exemple le format du vinyle, le fait d'avoir un grand format, ça permet d'avoir un bel artwork. Le fait de n'avoir aucun nom ou aucune indication, ça permet d'exploiter l'illustration de ce format.
Dans Slift, il y a un univers graphique très important avec les vidéos ?
Jean : Tiens Gauthier vient en parler.
Pour travailler les vidéos qui sont très psychédéliques en live, qu'est-ce que tu utilises ?
Gauthier : J’utilise un logiciel qui s'appelle Resolume pour la partie live. Sinon je crée des sources vidéos à partir de choses que je filme ou que je récupère ici et là, je crée des boucles à partir de ces vidéos dans Final Cut. Mais depuis peu j’utilise aussi une machine de Tachyons+, c’est comme une sorte de pédale d’effet mais pour la vidéo, ça permet de glitcher l’image de façon analogique. C’est un couple de Californie qui les fabrique, ils font du très bon taff et sont adorables. Je passe du numérique à l’analogique et inversement pour créer tous mes visuels et ensuite toute cette tambouille part dans Resolume qui me permet de tout jouer en live.
En concert, les vidéos sont aussi en live ?
Gauthier : Absolument, tout est en direct. J'ai des effets sur les séquences que je contrôle directement en live.
Slift c'est un groupe de quatre membres en live finalement qui ne fait jamais le même live puisque la vidéo et la musique changent d'un concert à l'autre ?
Gauthier : Les vidéos sont structurées de la même manière que la musique, et après si le groupe improvise, j'improvise aussi de mon côté. Il n'y aura jamais exactement la même chose d'un concert à l'autre.
Tu fais aussi les vidéos clips du groupe ?
Gauthier : Oui c'est aussi moi. J'ai fait les deux clips du groupe avec un collègue avec qui on travaille. On a réalisé les deux vidéos ensemble et on va aussi réaliser deux ou trois vidéos pour le prochain album.
Est ce qu'un titre de Slift pourrait partir d'un vidéo que tu as faite ?
Gauthier : Bonne question, ça !
Jean : On ne l'a jamais fait, mais ça viendra naturellement puisque Gauthier vient souvent à nos répétitions. Slift c'est vraiment un groupe à quatre. On bosse tous ensemble. Ca viendra c'est sûr et certain.
On peut dire que vous faîtes du ciné concert ?
Jean : Du ciné concert un peu agité ! Il y a ce délire de trip sur la vidéo, on essaie aussi en ce moment de rajouter le plus de vidéoprojecteurs possibles. Pour que toute la salle dans laquelle on joue soit illuminée. On veut pousser ce délire là à fond.
Pour plonger le public dans votre univers ?
Gauthier : On essaie vraiment de mettre des vidéoprojecteurs sur scène qui vont pointer sur d'autres murs de la salle ou sur le plafond, ça donne réellement un côté immersif. Ca permet de rajouter de la lumière sur scène.
Vous pourriez presque faire un concert à 360 ° ?
Jean : Oui, ça pourrait. On n'a pas les moyens, mais ça pourrait oui !
On va aborder maintenant votre label, Howlin' Banana Records, comment êtes-vous arrivés sur ce label?
Jean : Ca s'est fait l'an dernier quand on a sorti le disque. On a envoyé l'EP à Howlin' Banana Records et il a accroché. On a eu des échanges de mails. C'est un label de Paris où il y a des groupes super cool. On commence à rencontrer les groupes petit à petit au fur et à mesure des dates et on s'entend vraiment bien. Les choses collent, on se sent comme dans une famille.
Le label ouvre d'autres portes au niveau des concerts ?
Jean : Totalement ! C'est la première expérience que l'on a dans le genre "On va faire un disque dont on est fier et on trace avec". Le label nous ouvre des portes sur les dates et de suite tu n'es plus seul dans ton coin.
Vous avez un manager aussi ?
Jean : Non, pour trouver des dates on booke tout nous même. Par contre on a un tourneur en Espagne, Portugal et Suisse-Italie. En France on fait tout tout seul, à part la partie label où Tom de Howlin nous aide à débloquer certaines dates.
C'est un choix de votre part de chercher les dates en France ?
Jean : Pas spécialement non. On a pris l'habitude de le faire dès qu'on a eu trente minutes de musique on s'est dit qu'on allait commencer à faire des tournées. Je m'y suis mis et puis c'est devenu une sorte d'habitude et finalement ça fonctionne. On arrive à faire ce que l'on veut faire donc c'est cool. On ne se pose pas la question. Ce n'est pas un choix mais on le fait et ça marche donc on continue comme ça.
Niveau dates c'est quoi votre actualité dans les mois à venir ?
Jean : Cet été on va faire des festivals en France et au Portugal ainsi qu'une date à Bristol en Angleterre. La grosse tournée va repartir en octobre pour la sortie de notre prochain disque où on va tourner pendant un bon mois.
Space is the Key aura donc une suite ?
Jean : Oui, elle s'appellera La Planète Inexplorée. Un album dans la même veine que Space is the Key, assez conceptuel et avec Pierre Ferrero à l'illustration. C'est comme une sorte de suite. Il est enregistré et prêt : il va sortir sur cinq labels en Angleterre, en Espagne-Portugal, Belgique... On a eu de bons retours sur ce disque et il nous tarde de le présenter au public en tournée.
Pourquoi un titre en français pour cet album ?
Jean : Parce qu'un des titres de l'album est instrumental et porte un nom français. Aucun chant n'est dessus du coup et on l'a appelé La Planète Inexplorée parce que ça collait bien au niveau de l'univers et du délire de l'album. On aimait bien ce nom et c'est un hommage à la SF française.
Vous avez un scoop pour moi ?
Jean : J'ai tout dit ! A part l'album j'ai rien. On peut te raconter des soirées qui se sont mal passées ou des nuits infinies à boire différents alcools.
SLIFT SUR INTERNET
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