VENDREDI 3 AOÛT
Le phénix ! Voilà comment on peut surnommer le festival Au Pont du Rock après sa résurrection. On en a beaucoup parlé sur les différents réseaux de Rockfanch afin d'aider ce festival à continuer d'exister. Le summum de la mobilisation aura été ce superbe concert de soutien de janvier dernier, rassemblant - entre autres - No One is Innocent, Tagada Jones, Flor del Fango ou encore Burning Heads. Tous se sont mobilisés, ainsi que les spectateurs appelés à un financement participatif, afin de permettre la survie du plus vieux festival rock associatif et indépendant de Bretagne créé en 1989. La bonne nouvelle arrive vers la fin de l'hiver : l'édition 2018 du Pont du Rock aura bien lieu. Changement notable, le festival se décale du dernier week-end de juillet au premier week-end d'août. L'orientation de la programmation change en intégrant des groupes probablement plus "grand public" tels que MHD et Kyo.
Nous revoilà du côté de Malestroit en ce début de mois d'août. Sur le site, quelques évolutions sont à noter : la scène Grenouille prend la place du Chapiteau et ce dernier disparaît. En parlant de cette scène, c'est aux vainqueurs du tremplin Ricard de cette année, MNNQNS, d'ouvrir le festival. Le groupe ne fait que confirmer le très bon potentiel qu'on lui avait trouvé du côté de la soirée Ricard au Bikini en mai dernier. Le quatuor fait péter son rock aux accents très britannique et conquiert rapidement le public : leur rock est surpuissant et prend même des accents noisy par moment. Le chanteur, Adrian, hypnotise le public quand il prend le micro. Le set est carré et très puissant. Bravo!
Place au mythique groupe de rock alternatif des années 1990, Les Négresses Vertes ! Déjà aperçu il y a quelques jours du côté des Vieilles Charrues, le groupe qui s'est reformé pour fêter les trente ans de son premier album Mlah, met le public dans sa poche direct avec le titre Voilà l'Eté. En parlant d'été, c'est une sacrée canicule sur le site, même s'il est à peu près 21 heures, ça chauffe sérieusement. Juste parfait pour apprécier leur rock aux accents ensoleillés. La scène Grenouille est beaucoup plus adaptée que la Glenmor pour ce set qui offre un moment plus chaleureux et dansant. Le groupe joue La Danse des Négresses, Les Yeux de ton Père, La Valse, Zobi la Mouche et pour terminer en beauté : Sous le Soleil de Bodega... On devrait même dire "Sous le Soleil des Négresses Vertes" tant ils ont été lumineux ce soir !
Suite à cette claque, il y a MHD et Hyphen Hyphen. Pour le premier, la scène Dragon avait l'air pleine comme un oeuf mais franchement pas mon délire... Alors on fait l'impasse. Tout comme pour les seconds. Hyphen Hyphen de loin, ça bouge de partout et ça sent un peu le toc. Comment peut-on sauter autant comme un cabri sur scène et ne pas être essoufflé ? Enfin en tout cas, le public devant a l'air chauffé à bloc et c'est important que les gens s'éclatent !
Minuit désormais sur Malestroit ! La température est plus agréable et Pleymo va entrer sur scène. Hâte de les revoir tant leur concert de mars dernier au Bikini était fou. A l'instar de leur date toulousaine, c'est United Nowhere qui ouvre le set. Niveau son c'est la cartouche ! La duo basse - batterie est vraiment bien mis en avant et est impressionnant. Le chant par contre... Mark Maggiori à l'air en dedans. On ne sait pas s'il est fatigué ou en retenue. Durant le set ça s'améliore un peu, mais on sent que quelque chose ne va pas. N'empêche que le groupe déroule avec Ce Soir c'est Grand Soir, Rock, Adrénaline, Tout le Monde se Lève ou encore Nawak. C'est Medecine Cake qui est au cœur du set. Gros moment de gêne durant Tank Club, où le groupe demande au public de faire un Braveheart... Qui sera sans doute le plus pété de l'histoire du groupe. Que dire aussi des mosh pits qui ne tournent pas, enfin... Polyester Môme, Zephyr et Blöhm clôturent le set. A la fin, le groupe annonce que c'est le dernier concert de la tournée. Malaise. Comment Pleymo, un des groupes importants du rock français, peut partir comme ça... Sans guest star, sans set un peu spécial et avec un groupe qui semble usé ? C'est dommage de sortir par la petite porte, surtout que cette tournée devait être un feu d'artifice. Ce dernier concert est sans doute définitif puisqu'au niveau du merch' c'était cinq euros le t shirt et vingt euros le sweat... "Il faut tout liquider".
Fin de soirée rap et électro au Pont du Rock. Forcément déçu après Pleymo, je traîne du côté de Too Many T's. Derrière les platines, DJ Savage Henry envoie du gros son rap teinté de funk, de rock et d'électro. Le flow des deux MC's Leon Rhymes et Ross Standaloft balance sacrément. Après ça fait un peu trop penser aux Beastie Boys mais l'énergie du groupe nous fait oublier ça pour passer un bon moment... Surtout pendant God Save the T's, quelle claque !
Comme c'est de tradition dans quasiment tous les festivals désormais, on assiste à un concert de musique électronique. Sur scène, L'Entourloop, dont la musique ressemble fortement à du Chinese Man. Une vraie scénographie déployée, des musiciens invités (Troy Berkley en MC et N'Zeng à la trompette), c'est une bonne surprise. Moi qui ne suis pas fan d'électro, c'est un bon moment que je passe pour terminer cette première soirée.
SAMEDI 4 AOÛT
Après une courte nuit, c'est du côté du camping que je me rends pour découvrir une nouvelle scène. Pas bête pour occuper les campeurs pendant l'après-midi. Pas moins de trois groupes seront proposés au public avec MCDM (électro), Janis Rainer (pop) et Black Boys on Moped (garage-rock). C'est ce dernier groupe que l'on va voir. En plein cagnard, ils jouent un set vraiment très bon malgré le fait que le public ne soit pas au rendez-vous. Chapeau messieurs !
Pour le festival, l'ouverture du samedi se fait avec Lysistrata sur la scène Dragon. Vu leur popularité grimpante, certains s'offusqueront de cet horaire de passage. Mais pour moi c'est une bonne idée, il faut commencer par un groupe avec une certaine notoriété pour éviter justement de n'avoir personne sur le site. Sous une chaleur écrasante, Lysistrata fait péter son math-rock puissant devant une fosse bien garnie. Ce concert de folie se clôt sur un titre épique de plus de dix minutes qui alterne entre claques et caresses. Quelle ouverture et quel bon choix !
Gauvain Sers arrive ensuite sur Dragon, gavroche vissée sur la tête. Le chanteur originaire de la Creuse ouvre avec un titre bien pêchu Entre République et Nation suivi de près par Hénin-Beaumont. J'avoue être surpris par l'énergie des titres sur scène. Il jouera bien entendu son tube Pourvu, une pause tendre bien méritée. Seul bémol, les interventions entre les titres qui font un peu artificielles. Le set se termine sur le titre Mon fils part au Djihad. Un texte fort, mais en fin de concert ça plombe légèrement l'ambiance. Cette prestation reste tout de même, dans l'ensemble, une bonne surprise.
L'ambiance va remonter d'un coup sec avec les General Elektriks. Le quintet mené par Hervé Salters met le feu partout où il passe et une fois de plus ce sera le cas. Les bondissants musiciens jouent à fond leur musique funky aux accents rock avec leurs tenues d'un blanc immaculé. Take Back the Instant, Helicopter ou Tu m'intrigues, aucun de mes titres préférés du groupe ne passent à la trappe. On assiste même à une reprise de Tainted Love. Excellent !
C'est ensuite Kyo qui fait son entrée sur scène. Un groupe de rock gentillet des années 2000, voilà comment on pourrait les décrire. Il faut avouer que la scène Dragon est vraiment bien remplie pour les attendre. C'est White Trash qui ouvre le set, tiré de leur album L’Equilibre sorti en 2014. Il y a six personnes sur scène : les quatre membres originels du groupe ainsi que deux renforts à la guitare et aux claviers. Rapidement le groupe va dérouler tous ses tubes les plus connus en débutant par Le Chemin juste après White Trash. Après il y a Je Cours, Ton Mec, Tout Envoyer en l'Air, Dernière Danse, Je Saigne Encore... Tout y passe ! Le Graal et Contact terminent le concert qui est efficace et loin d'être désagréable, il faut l'avouer.
Au loin, on aperçoit Patrice, l'éternel middle name des festivals français depuis une bonne quinzaine d'années. Il distille son reggae aux accents soul et punk (et oui !). J'arrive à reconnaître Soulstorm. Trust sera aussi suivi de loin en attendant No One is Innocent. Le groupe de hard-rock français mené par Bernie Bonvoisin offre une prestation qui ne donne pas réellement envie de s'approcher. Mention spéciale au look du chanteur : Bob sur le crâne et chemise à fleurs... Elégance ! Antisocial clôture le set, c'est quand même chouette de le hurler mais bon... Ce n'est pas une prestation qui restera dans ma mémoire.
No One is Innocent passe ensuite sur la scène Grenouille. L'un des moments que j'attendais le plus. Franchement pas déçu du tout. Le groupe fait bouillir la fosse dès le premier titre où le public est copieusement arrosé par des lances à incendies. Oui, à 22h30. Silencio fait péter le son aussi à l'instar de Kids are on the Run. No One fait un concert ultra efficace avec pas mal d'anciens morceaux dont Nomenklatura et La Peau enchaînés par une reprise de Rage Against the Machine, Bullet in the Head. Tous les titres sont repris en chœur par un public à bloc, et c'est rassurant de voir que la moyenne d'âge n'était pas si élevée que ça. Le sommet du concert, arrive lorsque le groupe débute Charlie. LE titre ultra fédérateur. Chile termine le show qui était vraiment excellent. Un public à bloc qui a sans doute voulu remercier les No One d'avoir soutenu le festival en janvier dernier.
Ultra Vomit fait une double entrée sur la musique des Looney Tunes puis sur celle de Fort Boyard où les quatre membres se présentent en mode "culturistes". Darry Cowl Chamber puis Les Bonnes Manières débutent le set d'une fort belle manière. La spécialité du groupe est le metal parodique avec pas mal de pastiches de groupes connus. Tagada Jones pour débuter avec Un Chien Géant, où Ultra Vomit est rejoint sur scène par Niko le chanteur des Tagada. Rammstein passe aussi à la moulinette avec Kammthaar à l'instar de Gojira qui se retrouve mêlé à Calogero pour Calojira. Où le groupe interprète Face à la Mer à la sauce Gojira... Du lourd ! Les tubes d'Ultra Vomit sont aussi de la partie avec Boulangerie Pâtisserie ou encore l’inénarrable Je Collectionne des Canards Vivants. En tout cas j'ai sacrément hâte de les revoir en novembre au Bikini à Toulouse !
Quelle édition 2018 ! Certes, je n'ai pas tout vu tous les concerts, mais plusieurs ont été de sacrées claques. No One is Innocent en tête ! La superbe nouvelle, c'est que le festival a battu son record historique de fréquentation avec 22 000 spectateurs. Un festival qui le mérite puisque son identité est vraiment à part comparé aux autres. Il est indépendant et alternatif, et il aurait été dommage de perdre un si grand acteur du paysage des festivals bretons. Encore une fois, merci au festival Au Pont du Rock et à toute l'équipe de l'Espace Presse d'accueillir Rockfanch tous les ans. On reviendra l'an prochain avec bonheur !