Comment est né Originally Nowhere ?
Je me suis toujours amusé à composer et enregistrer des morceaux tout seul chez moi. J'avais des groupes à côté dans lesquels on tentait d'avancer et de composer dans une dynamique de groupe mais souvent le processus est long et frustrant et se termine par le groupe ou les musiciens qui se fatiguent ou se lassent avant d'avoir un album ou un set cohérent.
Lorsque la dernière formation dans laquelle je jouais (qui n'était pas du tout Originally Nowhere) s'est séparée, j'ai pris le parti de rassembler des maquettes que j'avais et de construire un album tout seul (avec l'aide de David Déïas et de quelques autres amis) en réenregistrant et réarrangeant le tout à la maison, pour chercher les musiciens pour le jouer par la suite. Camille et moi étions à Montréal à l'époque et tous nos amis ou presque était musiciens, donc une fois l'album terminé, il a été facile de rassembler une formation pour jouer l'album. Le groupe est né comme ça.
D’où vient ce nom ?
Une fois l'album prêt, il fallait un nom. Je n'y avais pas du tout pensé avant, j'étais plus dans faire un album, composer de la musique et on verra après, mais au moment où il a fallu « printer » des albums pour démarcher les salles, il a donc fallu trouver un nom rapidement, genre dans l'après midi quoi...
Je voulais un nom qui témoigne d'une universalité, sans avoir aucune idée précise, mais comme il fallait aller vite, j'ai fait un tour sur mon itunes et regardé à quel niveau je traînais le plus souvent, ou tout du moins à côté de qui je voulais être placé dans une bibliothèque. Si le groupe commençait par un « o », il allait être situé entre les Noir Désir, Nick Cave, The National, Nirvana et les Pj Harvey, Pixies, Peter Murphy, Primus ou encore Peeping Tom, c'était nickel. J'ai donc cumulé les deux seules contraintes que j'avais dans mon cahier des charges et trouvé rapidement Originally Nowhere.
Comment pourriez-vous définir votre style ?
En un sens, je dirais simplement que c'est du rock, ou du post rock. En ce moment, tous les styles sont sclérosés, on se retrouve avec des noms de style de musique à rallonge, pour essayer d'être originaux ou bien ancrés dans un mouvement à la mode, et Originally Nowhere ne répond pas vraiment à ces critères, car la musique est inspirée par une grande quantité de styles différents.
Ainsi, on pourrait y attribuer plein de styles, comme le dark rock, la cold wave, le dark wave, le post punk ou même la pop, sachant qu'il y a aussi des passage punks, des passage discos, voire metal, mais au final, sur un show live, je pense que n'importe qui qui sort de là peut dire que c'est du rock, tout simplement.
Quand on lit votre biographie, on se rend compte que vos influences sont très larges. Elles vont du rock des 70’s jusqu’au blues-rock en passant par le metal. Est-ce que votre influence principale ce ne serait pas le rock au sens large ?
Hehe, je pense avoir répondu à cette question au dessus, mais je rajouterais que même si Originally Nowhere est influencé à 80% par le rock, il y a aussi quelques influences pop, je pense notamment à Michael Jackson ou Depeche Mode qui m'inspirent depuis toujours, et je pense que quelques accents s'en ressentent dans la musique.
Quels sont les thèmes de vos paroles ?
Les paroles sont souvent noires bien entendu, et tournées vers un mal-être, un ras le bol général de la société actuelle et le combat qui en découle. J'essaye d'écrire des paroles engagées tout en restant relativement poétique voire onirique par moment, de façon à ce qu'il y ait plusieurs niveaux de lecture ou d'écoute. Je suis quand même aussi très fan de contes et d'histoires au général, et j'aime qu'il y ait un sens dans les paroles, et qu'on puisse suivre une évolution du personnage présenté dans le morceau. Pour Holy Devil, j'ai essayé que l'album au complet puisse s'écouter comme une histoire, une évolution, mais aussi que chaque morceau puisse se prendre séparément sur un thème donné.
Pourquoi ce nom d’Holy Devil pour votre album ?
L'album au complet raconte l'histoire de vie d'un enfant qui tente de devenir adulte, Il était promis à devenir le diable et s'y refuse, voulant apporter du bien dans le monde, mais au cours de sa vie, il s'aperçoit que le bien et le mal qu'on lui a toujours présentés sont totalement faussés. Il y a beaucoup de mal dans le bien qu'on veut lui faire avaler, et beaucoup de bien dans ce que l'on nomme publiquement « le mal ». Ainsi, dans des valeurs twistées et sournoises, il décidera finalement d'embrasser sa voie, et de devenir le diable, quitte à être un diable qui ne fait que du bien.
De plus, en terme de sémiotique, nous voulions rappeler, voir blasphémer, le livre le plus connu de l'Histoire : The Holy Bible. En inversant Bible et Devil, on tombe exactement dans les thèmes abordés.
L’album a été enregistré en France mais aussi au Canada et en Espagne. Les voyages inspirent votre musique ?
Alors, il n'était pas du tout dans l'intention de voyager pour composer, nous avons en effet habité (avec Camille) dans trois pays différents mais cela était juste lié a notre travail. Le premier album a été intégralement composé a Montréal (même si certaines maquettes dataient de la période Bordeaux) et c'est plutôt parce que nous étions en déplacement forcé par le travail que le deuxième album s'est vu avoir différents lieux d'enregistrement. Cela dit, il est clair que vivre de nouvelles expériences, découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles façons de voir les choses apporte beaucoup à la musique ou tout du moins à l'inspiration, mais il n’est pas dans nos prérequis de voyager pour composer :)
De quels groupes français vous sentez-vous le plus proche ?
Même si cela ne se ressent peut être pas au premier abord dans la musique, mais parce que ceux sont les premiers français que j'ai réellement vénérés pendant une période et qui m'ont donné envie d'écrire, je dirais Noir Désir. J'aime la noirceur dans la musique, surtout quand elle est mélodique et puissante, et qu'elle vient chercher des émotions pures juste par des images, en ce sens, Noir Désir m'inspirent énormément, d'autant que les paroles sont magnifiques et frôlent quasi tout le temps le génie.
Qu’est ce qu’on peut vous souhaiter pour la suite ?
Je dois dire qu'en ce moment, ce qui nous manque le plus est un label. Nous sommes complètement capables de nous auto-produire et de créer mais la communication et l'organisation nous prend un temps fou, et une énergie considérable, d'autant que nous avons tous des jobs à d'autres groupes à côté. Le but ultime, je pense, de tout musicien, et de n'avoir qu'à penser à la musique et aux performances scéniques, et avoir un label qui s’occuperait du reste nous ravirait !
Le groupe qui vous a mis une claque en live récemment ?
Alors la je parle en mon nom, parce que nous avons tous des goûts différents, mais le dernier live que j'ai adoré était Manu Louis au Circus à Capreton. Je lui ai acheté direct son premier album, Kermesse Machine que je recommande à n'importe qui. Il est tout seul mais très énergique et surtout très original, sa musique soufflait dans mes oreilles comme un vent de fraîcheur.
Un scoop pour Rockfanch ?
Comme petit scoop, il y a la sortie du clip de The Fluid dans pas longtemps, qui devrait être assez sexy ! Comme scoop de soirée arrosée, le troisième album d'Originally Nowhere devrait s'intituler Comin' for Nothin' et parlera de l'arrivée sur terre des extra-terrestres. Quand sortira-t-il par contre ? Aucune idée, il se commence à peine.