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Rockfanch

[INTERVIEW] THE PSYCHOTIC MONKS

Publié le 2 Mai 2019 par rockfanch in Interviews

Crédit photo :  Marie Monteiro

Crédit photo : Marie Monteiro

Qu’est ce qui vous a donné envie de faire de la musique ?
On a tous toujours baigné dedans de manières différentes. Nos parents sont tous plus ou moins musiciens/ musiciennes ou méloman/mélowoman. C’est aussi une envie de découverte et de danger. Rencontrer des gens, des lieux, se faire surprendre. Et cette sensation de bien être (ou pas) que nous procure la fin d’un concert, pouvoir crier quelque part, de sortir complètement vider, et d’être ailleurs.

Comment est né Psychotic Monks ?
Paul et Arthur sont frères, Martin connaît Arthur depuis le CM1, je les connais depuis 8 ans maintenant, on s’est jamais lâché quand on s’est trouvé tous les quatre, il y a eu une évidence de ressentis communs, de sensibilité et surtout de compréhension et d’écoute entre chaque personne de ce groupe. On évolue ensemble de la même manière, c’est une chance ! C’est avant tout la rencontre d’amis.

Pourquoi avoir choisi ce nom ? Était-ce le premier choix ? Avez-vous hésité sur un autre nom ?
C’est plus un heureux hasard qui nous convient toujours aujourd’hui ! On venait de créer le groupe, on avait un concert un mois plus tard, notre tout premier, il fallait trouver un nom, c’est ça qui est sorti. Il a pris de lus en plus de sens au fur et à mesure du temps. ais c’est possible que le nom évolue un jour, si on ne sent plus à l’aise avec.

Trois mots pour définir votre musique ?
Mots mots mots.

Pourquoi ce nom de Private Meaning First pour votre album ?
On aime se laisser libre d’interpréter ce titre de manières différentes en fonction du moment de vie qu’on traverse. A nous quatre, il y a déjà quatre ou cinq sens à ce titre. C’est ça qui nous a plu, la multitude de sens, ça n’enferme pas les messages de ce disque dans une époque ou un moment qu’on a vécu. On veut aussi laisser les gens y trouver ce qu’ils veulent, pas forcément expliquer ce qu’on y trouve nous.

Private Meaning First est composé de deux chapitres et d’une conclusion. C’est un album concept ?
On aspire à ce que ce soit cinématographique, qu’on sorte du simple album. On a toujours envie de se servir du studio comme un réel instrument, pour aller voir plus loin. Je trouve que le terme concept complique la musique, on préfère essayer de raconter une histoire, comme on se laisserait bercer par un film.

Vous diriez qu’il y a une continuité ou une rupture entre Silence Slowly and Madly Shines et Private Meaning First ?
Un peu les deux en fait, c’est surtout la tournée qui nous a amené à ce deuxième disque, Silence Slowly & Madly Shines en fait donc complètement partie, vu que c’est en grande partie grâce à ce disque qu’on a pu développer les concerts. Ça nous a beaucoup fait évoluer sur le plan personnel, on a appris à mieux se connaître et du coup on n’a pas eu envie de rester enfermé dans la musique du premier disque. On a toujours eu envie de prendre certains risques, de ne pas rester dans le confort, de se faire bousculer, de casser les choses. Private Meaning First casse le premier album petit à petit.

D’où viennent la noirceur et la puissance de vos morceaux ?
On aime essayer de tout remettre en question pratiquement tout le temps, d’être très attentif à la violence qu’on peut voir tous les jours. Dans la discussion la plus simple, il y a déjà une violence de part les idées qu’on ne questionnent plus tellement elles se sont installées dans notre pensée.
«On prend l’habitude de vivre avant de prendre l’habitude de penser» comme dit Camus. On essaie tout de même de ne pas oublier d’être dans la légèreté mais on vit dans un monde violent et absurde et on trouve ça important de le constater et d’essayer à notre toute petite échelle de changer les choses, d’être dans le non-jugement et l’introspection pour mieux se tourner vers les autres. Et pour dire tout ça, on a certes un moog, mais surtout notre intention, on discute beaucoup tous les quatre pour être en accord parfait sur ce qu’on joue ensemble. Le jouer de la même manière pour avoir quatre fois plus de poids.

Depuis 2012, vous avez enregistré trois EP et deux LP. C’est quand même un sacré rythme d’enregistrements ?
On aimerait faire plus ! On a beaucoup à apprendre encore en studio. Pour l’instant à chaque fois qu’on enregistre, on a un stress qui nous fait perdre presque tous nos moyens. On n’est jamais content du résultat. Et le fait de figer une musique, c’est toujours effrayant, heureusement qu’on a les concerts pour transformer les morceaux si besoin.

Comment se créé un titre au sein des Psychotic Monks ?
On jamme, c’est là où on s’exprime le mieux tous les quatre, où on a l’impression de chacun avoir son mot à dire. Mais ça arrive aussi que l’un de nous arrive avec une idée toute faite, la propose et laisse les autres y mettre leurs ressentis et idées pour qu’on soit tous impliqué de la même manière.

Est-ce que votre manière de composer a changé depuis vos débuts ?
Tout vient beaucoup plus de la jam, c’est plus rare que l’un de nous arrive avec un morceau entier. On avait aussi l’habitude d’être très organisé sur notre travail de répétitions, quatre à cinq fois par semaine, tout était calé à l’avance. Ca nous a joué des tours, au bout de plusieurs années on s’est rendu compte qu’il fallait changer un peu tout ça, amener du neuf et de la surprise. Aujourd’hui on se laisse beaucoup plus libre sur les horaires et l’organisation. On peut faire des semaines à deux répétitions et d’autres fois, c’est quatre ou cinq jours d’affilé. On travaille beaucoup plus la nuit aussi.

Quels groupes vous ont influencés pour réaliser cet album ?
Il y en a beaucoup, et ils ne nous ont pas influencé que sur le plan musical. L’éthique du groupe, les partis pris sont très important aussi. Girlband, Fugazi, The Fall, Joy Division, The Stooges, Sonic Youth, Nick Cave and the Bad Seeds, The Birthday Party, Protomartyr, The Beatles, Iceage, Syd Barrett, Pink Floyd, The Doors, Rowland S Howard, Country Teasers, Amazons On Ponies, Buena Vista Social Club, David Bowie, Velvet Underground, Iggy Pop, Patti Smith.

Est ce que d’autres formes d’arts peuvent influencer votre musique comme le cinéma ou la littérature ?
Oui bien sûr, beaucoup de bouquins et de films. En ce moment, c’est Le Solitaire de Ionesco et Le Mythe de Sisyphe de Camus qui nous lient tous les quatre. Avant c’était Les Lettres à un Jeune Poète de Rilke ou Demian de Herman Hesse. On essaie de lire au maximum.
Niveau cinéma, on est en plein dans les frères Coen, sinon des grand fans de Gus Van Sant, Wim Werders, Jarmush, Paul Thomas Anderson pour son There Will Be Blood.
Et enfin la peinture, des peintres comme Bernard Buffet, Francis Bacon ou Munch qui représente la solitude, le vide, l’absurde ou l’angoisse comme on aime ou ressent. Ça fait un peu déballage de culture, ce n’est pas voulu mais je ne savais pas comment répondre autrement !

Quels sont les thèmes de vos paroles ?
On part chacun de ressentis très personnels, on essaie de remettre en question les idées reçues et de se livrer sur nos expériences. C’est ce qui nous permet de nous en libérer, de se soigner. On écrit en essayant d’imager le plus possible les propos, du coup le sens d’un texte peut changer en fonction du moment de vie dans lequel on est et, peut être, parler aux gens qui nous écoutent . On souhaite laisser les gens se faire leur propre interprétation, y voir ce qu’ils ont envie d’y voir. On essaie de proposer pas d’imposer.

Un artiste ou un groupe avec lequel vous souhaitez faire un split album ?
Avec Shannon Wright.

Pour chaque membre du groupe... Trois albums cultes ? 
Clément : The Amazing Snakeheads Amphetamine Ballads , Iggy Pop The Idiot et Joy Division Unknown Pleasures.
Martin : Pink Floyd The Piper at the Gates of Dawn, Nick Cave & The Bad Seeds From Her To Eternity et Protomartyr A Private understanding.
Paul : Elliott Smith Either/Or, Gustav Mahler Symphony No. 9 in D Major et Iggy Pop The Idiot.
Arthur : Radiohead Kid A, The Beach Boys Pet Sounds et Leonard Cohen Songs About Love & Hate.

Votre meilleur concert en tant que Psychotic Monks ?
Dur à dire, ça dépend de plein de choses le meilleur concert. Un concert comme les Transmusicales, c’était dingue, se retrouver dans ce hall à 0h30, devant autant de gens aussi bienveillants et à l’écoute de notre musique, un système son et lumière énorme, on est parti hyper loin, c’était magique !
Il y a deux semaines, on était au Raymond Bar de Clermont Ferrand, beaucoup plus petit mais c’était une super date, l’équipe et le lieu étaient magiques aussi, tout près des gens, le bar pour ça c’est excellent, on a passé un super moment. Comme à Dijon, où on a rencontré un peu plus les gens de l’asso Last Disorder, qui sont en train de devenir des amis, ça permet de faire des meilleurs concerts aussi tout ça.

Le pire ?
Lyon, le Farmer 2019. Super ambiance, on adore aussi ce lieu et l’équipe, le concert se passait très bien jusqu’à ce qu’on blesse une personne involontairement. On était ailleurs, on s’est tout de suite dit tous les quatre qu’on était allé trop loin, peut être trop extrême, ça a été une grosse remise en question. Blesser quelqu’un même involontairement, ça signifie qu’on est trop enfermé dans notre set, qu’on part trop loin, tous seuls. Faudrait pas oublier les gens quand même.

Le concert que vous avez fait en tant que spectateur qui vous a mis une grosse claque dernièrement ?
Shannon Wright au Trabendo. On a regardé ce concert et on est rentré chez nous direct après avec la seule envie d’être dans le noir et de rester plongé dans ce moment qu’on avait vécu.

L’album qui vous a mis une claque ?
Kid A depuis toujours !

Le groupe que vous nous conseillez d’écouter ?
Girl band

Un scoop pour Rockfanch ?
Paul est un androïd, comme dans Alien.

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