Comment t'es venue l'idée de Prattseul ?
Prattseul (chant, guitare) : Avant, j'avais un groupe qui s'appelait Blow the Man Down. C'était du rock mainstream inspiré par Kasabian ou Arctic Monkeys, chanté en anglais. La dernière année avec le groupe, on a participé à La Semaine du Rock de Progrès Son. Il y a eu une histoire après le concert soirée et la finalité c'est que je me suis pris une droite. De là, j'ai fait un morceau en français qui s'appelle Virée Rouge et qui parle de cette soirée. J'ai par la suite continué à faire des sons seul et en français. Vu que Blow the Man Down commençait à s'essouffler je me suis dit que ce serait intéressant que je continue seul pour me permettre de tout maîtriser sur les compositions. J'ai commencé ça en avril 2017, mais ça n'a jamais été avec pour objectif de faire des concerts.
C'était des titres pour toi...
Absolument ! C'était d'abord pour moi. Ensuite je me suis intéressé à tout ce qui concernait l'enregistrement, le mixage, les prises de sons. J'ai un niveau assez déplorable, mais ça m'intéresse énormément et je geeke beaucoup dessus. Quand j'ai terminé d'enregistrer Cool Cool Coule et Poussière, à la fin de l'été 2017, je me suis dit que la qualité était assez correcte pour que je puisse commencer à sortir du son avec Prattseul. Aujourd'hui, j'ai beaucoup de sons mais je n'ai pas encore eu le temps de mettre ça au "propre".
Tu avais peut-être besoin de changements ? Chanter en français et être seul ?
De changement, je ne sais pas. Mais j'avais des trucs à dire et aussi l'envie de sortir des titres entièrement comme moi je les entendaient. Si par exemple, je te joue une ligne de guitare et que tu joues une ligne de basse par dessus, ça ne sera probablement pas celle à laquelle je pensais. Je voulais que ça me représente totalement.
Qu'est ce qui t'as poussé à monter sur scène avec Prattseul ?
Rien. Le projet à l'origine c'était de sortir du son. Je voulais sortir plus précisément des sons clippés. Même si c'est un par an, c'est mon objectif. Le premier c'était en novembre dernier avec Cool Cool Coule tu vois. J'ai rien sorti d'autre. Je ne voulais pas faire de concerts, qui dit concert, dit une structure à mettre en place. Ou au moins monter un petit groupe pour retranscrire ce que j'ai fait en studio et pour le mettre en scène.
Au final, Marty Went Back m'a proposé de faire une date avec eux au Chanpagne. Ça faisait un moment que j'avais pas mal de sons en stock et je me suis convaincu d'y aller et pourquoi ne pas essayer de partager ça avec d'autres personnes. C'est comme ça que j'ai fait mon premier concert. Mais je reste dans l'optique de ne pas chercher activement de dates avec Prattseul. Parce que j'ai Renarde à côté aussi. Pour la date au Discipline, c'est grâce aux contacts rencontrés au fil des années que j’ai eu la chance de faire ce concert au Taquin. Pour le Ellipse, c'est encore autre chose.
C’est dans le cadre d’un tremplin, à travers ça j’ai la l’occasion de présenter mes morceaux dans une super salle qu’est le Metronum. Je te cache pas que s’est en partie la possible opportunité d’aller passer une semaine en studio qui m’a pas mal motivé à m’inscrire, parce que ça, ça rentre totalement dans le sillon de ce projet.
Sur scène, vous êtes deux. Comment tu as choisi le guitariste qui t'accompagne sur scène ?
Julien jouait avec moi au sein de Blow the Man Down. C'est grâce ou à cause de lui que j'ai pris ce fameux coup de poing à la Semaine du Rock. Il se trouve que c'est un gars ultra talentueux à la guitare et je m'entends super bien avec lui. L'idée du duo que l'on forme, c'est que je prends la rythmique et la voix. Julien, lui, se balade durant le morceau. Il fallait quelqu'un d'assez à l'aise avec son instrument et qui puisse exprimer pas mal de choses pour joliment enrichir les morceaux.
Pourquoi ce nom de Prattseul ?
Déjà, c'est toujours galère de trouver un nom de projet qui n'a pas déjà été pris. Prattseul ça se décompose en deux. Le -seul du projet solo. Après certains vont se dire "Mais ils sont deux sur scène !" Mais Prattseul, c'est le personnage que j'ai envie de développer sur scène. Je veux créer un univers autour de lui. Le Pratt- du début, vient de Hugo Pratt, le dessinateur de bandes dessinées qui est l'auteur de Corto Maltese. Je ne connais pas toute sa vie et son oeuvre par cœur, mais je m'y suis intéressé. Vers mes treize ans, ma grand-mère m'a offert une bande dessinée de Corto Maltese. J'adore tout ce qui touche à l'art graphique et ce personnage m'a énormément marqué. De part son attitude, ce salopard qui reste classe. Corto et Pratt m'ont marqués, et m'ont fait trouver ce nom. Il y a eu pas mal de noms avant...
Là tu as trouvé ton identité avec Prattseul...
Oui ! En plus je suis 100% sûr que je ne retrouverai pas ce nom ailleurs. Même sur les plus gros MMORPG le nom n'est pas utilisé, ça montre que ce n'est pas connu ! C'est ce personnage là qui vient sur scène chanter les titres en concert et que l'on voit dans les clips. Il évolue dans un environnement un peu barjo.
Il y a des influences autre que la musique pour ce projet ?
Absolument ! Ce projet-là je veux le développer comme je le disais une musique égal un clip. Prattseul doit être projeté autant sur l'aspect musical, qui est la base du projet que sur la bande dessinée ou encore le cinéma. Je veux créer un personnage, faire des trucs un peu tarés.
Dans le clip de Cool Cool Coule, il y a des masques, des personnages un peu fous... Ca n'a pas de sens. Il y a des références à chercher dans le cinéma de Tarantino ou dans The Big Lebowski. Au Taquin, pour le Discipline Festival, on avait une statue en bois flottée sur scène créée par un super artiste, Laurent Llobet. Je veux essayer de créer des ambiances, pour que les gens qui voient le concert n'aient pas juste à fermer les yeux, qu'ils puissent observer ce qu'il se passe sur scène et puissent voyager.
Est-ce qu'à travers tes titres il y a un fil conducteur ? Une Histoire que tu racontes sur scène
Pas vraiment. Les titres ne sont pas rattachés entre eux. J'ai une dizaine de titres qui sont terminés. Si je devais sortir un album demain, je ne serai pas capable de faire une histoire de A à Z. Les chansons parlent d'idées très simples à la base. Il y en a une qui s'appelle Le Chuchoteur qui parle d'un type dans une soirée. On est une dizaine, il est en face de moi. Il essaie de parler dans un débat. Je le vois et je lui dis "Mec, si tu parles comme ça si bas personne ne vas t'entendre, même si c'est intéressant. Tu dois élever la voix." La chanson parle simplement de ça.
Des idées originales aussi de textes, le thème du Chuchoteur n'est pas commun
Sur ce titre, oui. Virée Rouge parle du coup de poing. Ce n'est pas explicite dans les paroles, mais ça permet d'ouvrir l'imagination de l'audience et que chacun puisse l’interpréter à sa manière. Je laisse toujours les paroles assez ouvertes. Derrière tous les textes, il y a un vécu personnel ou un ressenti fort. Mais ce n'est pas forcément sur la durée. Je ne parle pas de peines de cœur. Je parle de choses simples mais qui me touchent. Cool Cool Coule parle d'une personne qui profite de son entourage selon ce que chacun possède. Il va se faire payer un resto par un pote par exemple. "Cool Cool Coule la manière de t'éprendre", tu te sers de gens comme de marionnettes alors que pour eux tu es un ami. Je pense que si les gens se concentrent sur les paroles, chacun peut avoir une interprétation différente.
Concernant les influences musicales, tu te situerais où ? Sur Poussière ton chant me fait beaucoup penser à celui d'Arthur Teboul de Feu! Chatterton.
Il n'y a rien de français actuel dans mes influences. Sur la scène rock qui me berce depuis un moment j'ai Cage the Elephant, Balthazar, tout Alex Turner. Aussi Jacco Gardner et Marlon Williams. Sans oublier Leonard Cohen et Serge Gainsbourg. Le projet qui m'a le plus marqué récemment en France, c'est Fishbach. C'est sombre et typiquement le délire que j'adore.
Si tu avais trois mots pour définir ta musique ?
Sincère, violet et dérision. C'est paradoxal la dérision et la sincérité, mais c'est parce que tout est vrai. Quand je danse comme un connard sur Cool Cool Coule, c'est parce que je ne me prends pas au sérieux. Ca me fait marrer.
Comment t'es venue l'idée du clip de Cool Cool Coule ?
L’idée m’est venue après beaucoup de nuits où au lieu de dormir, je réfléchissais à un clip. Toujours dans cet optique du moindre frais et DIY. L'an dernier, j'ai eu un souci de santé alors j'ai eu deux semaines d'arrêt. La deuxième semaine, j'allais mieux et je commençais à penser à un clip pour Prattseul. A la base, je voulais filmer ma gueule et qu'on me jette des trucs au visage. Ce qui a été fait pour A Contrecœur de Renarde, tu vois la similitude. J'avais une serviette de bain Decathlon verte. Dans l'appart, j'ai fait des maquettes du clip. J'étais en caleçon et en robe de chambre avec un ventilo, la caméra et la serviette verte. J'avais commencé à faire ça et à penser au clip en allant me coucher.
C'est comme quand tu créés une musique. Au fur et à mesure, tu penses à des idées et tu peux les rattacher entre elles. Trouver une suite logique à tout ça mais qui n’est pas forcément en accord avec la musique. Tu le vois dans le clip, à la base ce sont des plans très rapprochés. Cela suit une journée. Il y a le petit déjeuner et pour la douche, je me jette dans l'eau. Je fais un tour en ville aussi. Il y aussi le show avec la chorégraphie à la fin. Il y a aussi le dézoom de dérision. Tu vois que c'est totalement ridicule. Le type est dans un hangar.
Pourquoi les Halles de la Cartoucherie pour tourner ?
Dans mon appart c'était impossible. A l'extérieur pour le fond vert, tu dois gérer la lumière et c'est très compliqué. Je n'avais pas beaucoup de notions de cinéma mais mon ami Elie Voisin qui fait de la photo m'a pas mal conseillé au niveau éclairage. Il fallait quelque chose en intérieur avec pas mal de recul. La Cartoucherie c'était l'idéal. Quand on a fait la session acoustique avec Renarde là bas, ça m'a pas mal aidé. J'ai rencontré Agnès de Electric Animals qui organisait la soirée de ce studio éphémère enregistré. Lors du repas, je me renseigné sur les accès concernant la Halle. J'ai eu la chance d'accéder à la Cartoucherie avant qu'il n'y ait les travaux. C'était l'idéal du fait du recul. Je voulais absolument ce plan de fin et qu'on puisse voir ce qu'il se passait autour du fond vert. Dans mon appart, il y aurait eu dix centimètres de chaque côté, ça n'aurait pas eu le même effet.
Tu penses déjà aux scénarii des prochains clips de Prattseul ?
J'en ai un dans la tête depuis six mois. J'ai tout préparé. Je sais qu'il me faut douze personnes mais je garde ça pour moi, je ne veux pas qu'on me pique l'idée. Tout est prêt. C'est sur le titre Poussière avec deux idées simples qui vont se mélanger. C'est assez chaud en terme de tournage et il faudra être bon, mais ça va être très sympa.
Est-ce que tu penses à sortir un EP ?
Oui et non. Non parce que si je dois enregistrer chez moi comme je le fais depuis le début, j'ai très peu de temps. Sortir un EP, c'est beaucoup de travail. Sur la durée, je pense qu'entre le premier titre enregistré et trois ou quatrième, il y aurait un gap trop fort sur ma façon de faire. Mais je vais aussi dire oui puisque si le Ellipse se passe bien... Cela sera un peu à cette occasion que je pourrais faire avancer les choses. Les morceaux sont prêts et si je peux faire du studio, ça permettrait d'avoir quelque chose de cohérent. J'aime créer la curiosité autour de ce projet. Pour le concert du Ellipse, cela ne ressemblera à aucune des deux autres dates. On va prendre 24 heures de répétitions et en avant. C'est intense parce que je travaille à côté et j'ai aussi Renarde qui, je l'espère prendra encore plus de temps à l'avenir, c'est ma priorité.
Pour Prattseul ce n'est pas moi qui pousse, je ne démarche pas pour faire des dates. Je propose des choses de temps en temps et si ça plaît tant mieux ! Si on me propose des dates chouettes avec Prattseul comme ça a été le cas au Chanpagne avec Marty Went Back ou à l'occasion du festival Discipline, j'accepterai avec grand plaisir.
Dernière question, est-ce que tu as un scoop pour moi ?
On sera quatre sur scène pour l'Ellipse !