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Rockfanch

[INTERVIEW] UNLUCKID

Publié le 29 Septembre 2020 par rockfanch in Interviews

[INTERVIEW] UNLUCKID

Comment est né Unluckid ?
* Mika (chant et guitare) : Unluckid est né d'un ras le bol sur le côté éphémère de la vie d'un "petit" groupe. C'est souvent la même chose. Au départ, tout le monde est motivé, c'est frais, on part tous dans la même direction. Mais petit à petit, chacun évolue dans le temps selon ses envies, voire sa situation familiale. On peut aussi se prendre le chou entre musiciens ! Les relations humaines ne sont jamais simples.
J'avais envie de monter un truc vraiment personnel et je me suis dit, pourquoi ne pas tenter ma chance seul vu que je savais à peu près chanter et jouer de la guitare. Il y a quelques années, j'avais fait une démarche similaire, un projet solo qui a duré deux ou trois ans. Mais ça n'avait pas décollé, et je n'étais pas satisfait de ce que je faisais. Je me suis alors concentré sur mes autres groupes et au final j'ai décidé de relancer un projet solo, Unluckid, qui, lui, me satisfait.

Tu as fait un premier "crash test" solo avec ton premier projet et maintenant Unluckid. Qu'est ce qu'il s'est passé entre les deux au niveau solo, tu as affiné le côté solo ?
J'ai progressé, oui. Même au début d'Unluckid, quand je me suis lancé, il y avait des choses qui n'allaient pas. Au fur et à mesure des concerts et des retours qu'on a pu me faire, j'ai évolué... Les retours c'est super important. Quand on te dit que ce que tu fais c'est cool, c'est super ! Ca flatte l'égo. Mais si on peut aussi te dire ce qui ne va pas pour t'améliorer, ça fait progresser. Durant les deux premières années d'Unluckid j'ai beaucoup progressé. J'ai appris à jouer avec un capo par exemple. Je n'avais jamais joué avec avant, et parfois j'avais du mal à trouver la tonalité sur un morceau. Pour ça, le capo c'est magique et maintenant je ne peux plus m'en passer !

Tu écoutes les gens qui offrent un avis constructif sur ta musique...
En tant que public, quand je trouve qu'un artiste fait quelque chose qui ne me plaît pas, je ne vais pas lui dire qu'il fait un truc nul. C'est aussi une question de goût. Par contre, si je trouve quelque chose chouette mais qu'il manque peut-être un truc pour que ce soit encore mieux, je n'hésite pas à le dire. Moi ça m'a beaucoup aidé d'avoir ce genre de retours, donc si je peux aider  tel ou  tel artiste, c'est bien. J'hésite de moins en moins à faire cette démarche. Surtout envers les jeunes groupes qui débutent. Des fois, tu sens le potentiel mais il manque des petits trucs pour que ce soit nickel donc t'as aussi envie de les encourager.

Ca vient d'où ce nom d'Unluckid ?
C'est un mot que j'ai inventé par la contraction des mots "Unlucky" et "Kid". C'est pour conjurer le mauvais sort. Je considère que j'ai toujours eu pas mal de chance dans ma vie. Unluckid j'ai trouvé que ça sonnait bien et j'ai retrouvé cette sonorité dans la bouche de Prince dans son titre Money Don't Matter. Sur un des premiers couplets, il dit "Unlucky" et ça sonnait super bien. Tout ça ensemble, ça fait que j'ai nommé mon projet Unluckid. J'avais eu cette idée de nom il y a quelques années, mais je ne voulais pas l'imposer comme nom de groupe.

L'intérêt pour toi de ce projet, c'est d'avoir une liberté totale au niveau du son et de la musique ?
Il y a de ça. Mais depuis que j'ai commencé la musique, dans les différents groupes dans lesquels j'étais, ce qui me plaisait le plus c'était de composer. Souvent j'ai été à l'origine des compositions. J'ai du me mettre au chant aussi parce que les potes avec qui je jouais ne chantaient pas ou ne voulaient pas chanter. J'ai appris en autodidacte et maintenant j'arrive à faire quelque chose qui me correspond.

Une formule brute en chant et guitare...
Totalement. Notamment en live où ce n'est que voix et guitare. Quand j'enregistre, j'essaie de doubler le chant, tenter des choses comme des rajouts de percus ou de guitares. En live, je ne fais pas ça.

Tu veux toucher directement l'auditeur en live sans trop de choses autour de toi
Chaque chanson parle de ma vie. De ce que je peux vivre avec mes potes, ma famille, de ce que je peux voir chaque jour en fait. Je peux aussi avoir envie de donner mon avis sur certaines choses même si Unluckid n'est pas un projet politisé. Ce sont des textes sincères.

C'est ton moyen d'expression ?
Absolument, c'est ce que je dis en concert. Unluckid est une thérapie pour raconter les choses qui me touchent, qu'elles soient négatives ou positives.

Pourquoi ce projet folk en acoustique après avoir fait beaucoup de groupes punk et hardcore ?
Ce n'est pas très original cette continuité. Ca fait longtemps que dans la scène punk californienne des artistes comme Tony Sly, Chuck Ragan ou Joey Cape le font. Après plusieurs années dans des groupes, ils ont eu envie de faire quelque chose de plus posé. L'âge y fait peut-être aussi. Mais pour moi, une composition qui passe en acoustique, elle passera forcément en groupe. Si, la composition sonne juste avec un chant et une guitare, elle ne peut être que mieux en groupe. A ce moment-là chacun va apporter sa patte. Bien souvent, je compose en acoustique, même pour les  groupes de punk-rock.

[INTERVIEW] UNLUCKID

Kurt Cobain quand on lui posait la question de comment vous voyez plus tard, il répondait "chanteur folk" ? C'est peut être l'évolution logique pour un chanteur énervé de passer au folk à un moment...
Je ne savais pas qu'il avait dit ça. Moi j'ai appris la guitare avec les tablatures de Nirvana. Kurt Cobain, qui reste un modèle pour moi, avait cette écriture dans la composition qui fait que c'est très simple mais finalement tu t'aperçois que plus c'est simple plus ça sonne. Quand t'es en solo, la base est simple parce que tu es limité. Mais si tu montes ensuite cette composition avec un groupe, chacun apportant sa touche, ça fait quelque chose d'encore mieux. Dans la pop ou la variété, ce sont quasiment tout le temps les mêmes accords qui reviennent en boucle dans n'importe quelle composition. Après c'est l'orchestration qui donne la magie au titre, mais les accords en eux même sont simples. Je trouve ça chouette de revenir sur quelque chose de brut et d'acoustique.

Comme on disait tout à l'heure, tu as la liberté des compositions mais c'est aussi un défi puisque tu n'as que la guitare pour composer, rien d'autre...
Les premiers concerts d'Unluckid ont été un peu compliqués. J'avais l'habitude de jouer en groupe. Et là tu te retrouves seul avec ta voix et ta gratte. Sachant que je ne suis ni un virtuose dans le chant ou la guitare, c'est pas simple, ça peut même effrayer. Tu sais que t'es à poil ! Quand tu te gaufres, tu ne peux pas te planquer derrière le brouhaha des autres instruments. Tu te plantes, tu te plantes. Tu apprends à vivre avec. Aujourd'hui, ça m'arrive encore de me gaufrer un peu... Mais beaucoup moins heureusement, j'ai gagné en assurance seul sur scène.

Qu'est ce que tes projets précédents de punk / hardcore ont pu apporter à Unluckid ?
La rythmique. C'est ce qu'on me dit souvent. Les batteurs qui viennent me voir, je les vois taper dans le vide quand je joue. Ils se disent que ça pourrait jouer derrière. Quand on discute après le concert, je leur dis que ça ferait effectivement de bonnes compositions punk rock.

Il y a un pont entre tes anciens projets et le nouveau ?
Totalement ! C'est lié. D'ailleurs avec Unluckid, je reprends des titres de mes autres projets. Quand je compose, j'ai toujours un groupe électrique, je le fais en acoustique puis ensuite on l'électrifie tous ensemble. Si ça sonne en acoustique, en électrique ça ne peut être que mieux. Quand tu es en groupe, tu vas t'apercevoir parfois des limites de ta composition. Alors qu'en solo acoustique tu ne t'en rends pas forcément compte, je n'ai pas trop de recul. Toi tu vas trouver ça  génial mais peut-être qu'au final ça ne sonne pas si bien que ça.

 

Est-ce qu'il peut y avoir des frustrations quand tu composes chez  toi et que ça part dans le groupe... Que ta composition se trouve totalement changée par rapport à sa base ?
Sûrement ! Après ça fait partie de l'égo des musiciens, on sait que dans tout art, il y a pas mal d'égo. Tu créés quelque chose, ça va être soumis à la critique et te toucher forcément. En bien ou en mal. Tu y a mis quelque chose de toi. Des fois, ça a été source de conflit, forcément. Mais en groupe, on essaie de prendre en compte les avis et les envies de chacun. On gagne en maturité avec le temps qui passe. Avant, à vingt ans, j'aurai peut être mal pris le fait d'avoir une composition ultra remaniée. Maintenant je me dis que c'est que la personne en face de moi a sans doute raison et que je n'ai pas le recul nécessaire pour être objectif sur ma composition.

Comment tu créées un titre ? C'est d'avoir le texte ou la musique ?
D'abord la guitare. Concernant le texte, je baragouine un peu en anglais ou je siffle pour trouver les lignes mélodiques. Après je brode autour, je cherche un sujet. Il y a des fois, c'est un peu de l'inspiration divine. Que ce soit le texte ou la gratte, ça vient comme ça. Des années après, tu peux toujours la jouer, tu ne t'en lasses pas. C'est important. Des fois tu composes et un an après, t'en a déjà marre de la jouer. Il y a des périodes où tu n'es pas inspiré du tout où pendant quelques mois tu ne vas rien pondre et d'autres où tu es inspiré. Pendant le confinement par exemple, j'ai  fait deux compositions. Là en ce moment, je ne suis pas trop inspiré mais ça reviendra.

Au niveau des textes, tu parles de quoi ?
Je parle vraiment de choses personnelles. Des moments de ma vie, un petit déjeuner sur la plage très tôt le matin avec une certaine lumière, un environnement calme. Décrire des moments marquants que je vis. Il y a aussi des choses plus tristes avec des pertes, des décès... J'en parle aussi ! C'est une sorte de thérapie alors j'exprime des émotions.

C'est un peu de la folk du réel ?
Oui voilà, je n'invente rien dans mes textes. C'est très brut dans l'expression, très Beatles j'ai envie de dire. Tu n'as pas de flou artistique ou de métaphores. J'ai un niveau d'anglais moyen, ça me permet de raconter des choses simples. Je le faisais plus jeune, chercher des expressions ou des métaphores. Mais maintenant j'essaie d'être direct au niveau des textes, de faire des choses brutes.

Chercher des expressions qui ne sont pas les tiennes, ça peut aussi casser tes compositions...
Oui, et aussi la mémoire. En concert, ça arrive d'avoir des trous de mémoire. Vu que ce n'est pas ta langue natale, ça peut être difficile de retrouver ses mots. Alors qu'avec des mots simples et mélodiques, tu peux t'en sortir. La langue anglaise ça sonne très bien en folk ou en rock. Souvent, on me demande pourquoi je ne chante pas en français mais c'est difficile pour moi de chanter dans cette langue. Je le fais parfois pour des anniversaires mais à part ça non. Vu que je raconte des choses personnelles dans mes titres, l'anglais ça me permet de mettre un filtre. C'est mon côté pudique aussi. Je veux m'exprimer mais sans que le public puisse trop comprendre, ça me correspond bien.

Les influences d'Unluckid c'est quoi ?
Les influences du projet, elles sont claires. Il y a Hot Water Music, un groupe punk rock à tendance émo. C'est un de mes groupes préférés dans ce style. Un des deux chanteurs du groupe, Chuck Ragan, a un projet solo qui m'inspire beaucoup. C'était déjà une grosse source d'inspiration pour le premier projet solo avant Unluckid. C'est lui qui m'a inspiré pour le monter mais aussi Joey Cape ou Tony Sly. Des musiciens punk à la base qui se sont orientés vers l'acoustique.

Est-ce que d'autres univers artistiques pourraient t'inspirer ?
Je suis assez mono art. Je ne lis pas, mis à part la presse people (ahah) ! Après j'adore visiter des musées ou voyager, pour découvrir de nouvelles cultures. Je suis super ouvert. Depuis tout petit je baigne dans la musique, mes parents en écoutaient beaucoup. Que ce soit à la maison ou dans la voiture, il y avait de la musique. Avant d'en faire, j'en ai beaucoup écouté. Je me suis toujours réfugié là dedans.

[INTERVIEW] UNLUCKID

Unluckid existe depuis cinq ans, quelles évolutions tu as senti dans le projet ? Tu penses à intégrer une autre personne dans le projet par exemple ?
Quand j'ai démarré le projet j'avais pas mal de morceaux de mes anciens groupes. Ensuite j'ai vraiment composé du Unluckid. Il y a un côté pop qui a pu arriver sur certains titres. Mais sur un set standard d'une quarantaine de minutes, je privilégie le côté dynamique des titres. Ce n'est pas parce que tu fais de la folk ou de l'acoustique, que ça ne doit pas bouger !

Du folk ça peut être brut...
Totalement ! Des fois, par exemple, sur certains titres ma voix peut être douce tandis que d'autres je force un peu plus. Voir même trop pour certains, je pousse mes limites. J'aime ce côté presque arraché, être à faire du punk acoustique. En tout, j'ai environ deux heures de set avec mes compositions et quelques reprises. Ca permet de varier les ambiances entre des balades douces et des titres plus dynamiques. L'endroit, ou le contexte y font beaucoup aussi. Je peux jouer dans des appartements, devant des enfants pour un anniversaire ou dans un EHPAD aussi. Dans un EHPAD, je ne vais pas faire des trucs virulents, le set va être calme.

Unluckid peut faire vos mariages, baptêmes, fêtes d'anniversaire ?
Absolument ! Avec le contexte particulier cette année, la rentrée s'annonce compliquée en terme de concerts, ça va être dur pour tout le monde, je pense surtout aux organisations et lieux qui font des concerts et tous les gens qui en vivent. J'ai envie de proposer un peu plus de ce genre de concerts dans des endroits avec un public plus restreint. Ce n'est pas forcément une mauvaise chose, ça peut même être très cool. La musique ce n'est pas mon métier mais ça m'éclate, je m'ouvre à tout. En tout cas, ça m'intéresse plus de jouer devant un public qui s'éclate dans un lieu intime que de toucher un gros cachet et que tout le monde s'en foute. Si personne ne prend de plaisir, ça n'a pas d'intérêt.

 

Ta dernière sortie s'appelle Together. Est-ce que pour les cinq ans d'Unluckid, tu vas sortir quelque chose de nouveau ?
Tout à l'heure tu parlais d'intégrer de nouveaux membres. Sur certains enregistrements, j'ai parfois invité des potes à faire des voix ou des guitares additionnelles. Sur le premier album d'Unluckid, il y a eu pas mal de collaborations. Pour le concert des cinq ans, qui sera à la Cave à Rock (on va voir si les conditions sanitaires suivent), il n'y aura qu'Unluckid (aucun autre groupe n'est prévu), mais des amis viendront faire des collaborations sur certains morceaux. Un vrai Champs Elysées ! Il y aura des versions inédites de certains titres, ce sera un long concert où l'on dépassera sans doute l'heure, peut-être même deux heures pour faire péter les compteurs !
Ca va être cool, ça va peut être donner des idées pour plus tard même si j'ai déjà un groupe à côté d'Unluckid qui ressemble à ce projet folk mais électrifié. J'ai déjà un peu mon compte pour la suite. On verra comment va évoluer Unluckid. Pour le moment, ça me plait toujours autant et je suis toujours passionné par ce que je fais. J'ai encore quelques années devant moi.

Pourquoi la Cave à Rock pour ce concert ?
C'est un lieu qui nous a souvent accueillit avec mes groupes. J'adhère totalement à l'ambiance du lieu. C'est convivial et chaleureux, ce sont des gens qui sont là pour la musique. On ne joue pas que dans des lieux sympas comme ça, mais heureusement ça représente la majorité. Tu sais que s'ils t'invitent ils savent qu'ils apprécient ce que tu fais. J'ai aussi une bonne relation avec Olive qui tient la Cave à Rock. Je m'y sens bien et je trouve ça logique de faire ça là bas.

Dernière question, as-tu un scoop pour Rockfanch ?
J'ai pas vraiment de scoop là, comme ça. Je t'avoue que musicalement en ce moment, j'ai du mal à me projeter. J'aurais bien aimé t'annoncer une tournée à venir, peut être que ça arrivera, en 2021... Mis à part le concert des cinq ans, sur lequel je bosse à fond avec les copains chaque semaine, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Ce sera le 15 octobre à la Cave à Rock. On va préparer ça tranquillement. Après en exclusivité, je peux te proposer deux vidéos faîtes à la maison : une toute nouvelle chanson écrite durant le confinement (Miss Freedom) qui parle de la privation de liberté et une reprise de Tears For Tears (un de mes groupes préférés). Merci encore à toi pour cette chouette interview !

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