Comment est née l'envie de monter Oslo Tropique ?
* Christophe (chant et guitare) : Oslo Tropique est né de la rencontre de Fred, Mégane et moi-même d'un côté, et de Metty de l'autre. On avait quelques compostions qu'on a jetées pour en réécrire d'autres avec Metty.
Et pourquoi vous êtes-vous dit "Allez, on monte un groupe de rock" ?
* Christophe : Nous sommes dans le rock sur la scène toulousaine depuis un moment déjà. Metty a eu moultes formations, et nous trois en faisions déjà ensemble. Avec la pure frappe de Metty, ça donne pas envie de faire des chansons douces ! Sinon pour l'esthétique, on a composé des titres sur lesquels on adhère tous à 100%, d'où le rock.
* Metty (batterie) : C'est vrai que j'ai une frappe “rock”, mais à vrai dire je n'ai jamais fait de rock au sens strict du terme. Souvent mes comparses me parlent de groupes de rock que je ne connais absolument pas... Ce qui est très cool, ça enrichie ma culture musicale. Sinon mon envie première est de ressentir la musique, les riffs amenés par Fred, Mégane et Christophe, et de jouer ce qui va servir au mieux ces idées.
*Fred (guitare) : Mégane, Christophe et moi-même jouions depuis quelques années ensemble. Dans un registre rock, certes, mais plus soft, plus aérien... Après avoir passé une petite période transitoire, où nous cherchions un batteur stable, Metty est arrivé et ça a matché de suite! La puissance de son jeu, nous a naturellement orientés vers des compos plus brutes et plus musclées... Le son d'Oslo Tropique est né à ce moment là.
Ça sonnait clairement comme une évidence, vous quatre, ça ne pouvait être que du rock. Il y a eu beaucoup de formations de part et d'autres ?
* Christophe : Oui, quelques unes. Chacun et chacune d'entre nous avons trois ou quatre formations à notre actif. Pas toujours rock d'ailleurs.
* Metty : J'ai même fait de la musette en Corrèze...
Oslo Tropique devient un défouloir ?
* Christophe : Oslo Tropique est un défouloir. En tout cas c'est que l'énergie que l'on souhaite transmettre au public... Après vient le sens.
* Metty : On espère aussi qu'en live ce sera aussi un défouloir pour le public !
Comment on arrive à créer cette alchimie entre trois artistes "rock" et un artiste qui vient du spectacle de rue pour justement créer un groupe de rock ?
* Christophe : Metty fait en effet partie de la compagnie des Commandos Percu, mais c'est un batteur rock à la base, donc c'était une évidence. Et comme je disais, le style a été défini selon nos personnalités et ce que nous aimons tous les quatre. Et non l'inverse. C'est le rock qui est venu à nous !
* Metty : Avec les Commandos Percu nous sommes aussi dans cette énergie. Donner au public tout ce qu'on a c'est quelque chose de très important pour moi, c'est même une obligation. Il faut s'oublier sur scène, se transcender, chaque concert doit être pensé comme si c'était le dernier.
Le rock, c'est quelque chose de large. Oslo Tropique ça tape dans quoi comme influences ?
* Christophe : Exact c'est très large... Les références sont évidemment multiples, mais on peut citer Triggerfinger, Royal Blood ou Queens of the Stone Age... et puisque l'on chante en français, Eiffel par exemple.
* Metty : Je ne sais même pas qui est Triggerfinger, du coup j'irai écouter, merci Christophe ! Sinon niveau batterie, Chad Smith des Red Hot Chili Peppers est une grosse influence.
* Fred : La musique d'Oslo Tropique allie un son aux influences british, garage, rock prog, avec des textes engagés en français.
Un rock sans concession, puissant et poétique on pourrait dire ?
* Christophe : On peut ajouter que si les textes sont souvent imagés, ils restent très connectés à l'actualité. Le nom Oslo Tropique a été choisi en ce sens. Le rock est abrasif, il porte en lui la nervosité, quelque chose de dur. Ça colle totalement à des thématiques sociales, les sentiments d'oppression, de perte d'identité ou de révolte.
* Metty : Les textes de Christophe sont très construits, il faut vraiment écouter les titres plusieurs fois pour en saisir toutes les subtilités.
Et le nom d'Oslo Tropique a été créé en ce sens ? Je veux dire un oxymore, ça marque !
* Christophe : C'est un oxymore climatique. Le jour où la ville d'Oslo connaitra des températures tropicales, on sera pas dans la mouise en France. Le climat, les énergies, l'écologie de manière générale, c'est le défi numéro un du XXIème siècle.
* Metty : En plus, ça a le mérite de bien sonner !
* Fred : De plus, le chaud et le froid donnent une image assez juste de notre musique. Des mélodies douces et rassurantes laissent place à des envolées dissonantes et tranchantes.
C'est une forme d'engagement pour vous ce nom ?
* Christophe : Tout à fait. Notre répertoire est essentiellement constitué de textes qui traitent de consumérisme et d'écologie. L'angle choisi est souvent celui d'un individu pris dans la masse. Ce n'est pas donneur de leçon, mais davantage des portraits acides. Au niveau de l'individu, on comprend mieux pourquoi ça dysfonctionne, pourquoi le changement est tellement compliqué.
Et cet angle qui traite d'écologie et de consumérisme, ça a été un point de départ pour les textes du groupe ? Ou bien c'est au fur et à mesure de la création des textes que vous avez pu trouver un point commun ?
* Christophe : Plutôt un point de départ. C'était une évidence. On vit une époque urgente. Et si nos chansons peuvent être utiles, c'est important ; ça donne du sens à nos créations. Ça donne du sens à suer autant pour défendre un projet tel que celui-ci. Nous faisons du rock, des groupes comme nous, il y a en a plein. Mais si nous pouvons faire corps pour aider à faire pencher la balance du bon côté, alors ça en vaut la peine !
Dans votre biographie, vous parlez de séance collective thérapeutique sur le XXIème siècle ? Tu peux nous en dire plus ?
* Christophe : C'est ce que je tentais d'exprimer avec le point de vue de l'individu. Par exemple, sur le titre Les Grands Palaces, qui traite de la surconsommation, le narrateur a bien conscience que consommer à tort et à travers est nocif pour l'avenir, le message est passé, mais il y a un je-ne-sais-quoi qui le pousse à l'acte d'achat. C'est plus fort que lui. La question en suspens est "comment fait-on pour redonner des perspectives à chaque individu lorsque nos vies sont construites autour de l'achat ?". C'est là que la thérapie intervient
* Fred : Il faut dire qu'on vit une époque assez schizophrène, et malgré les consciences qui s'éveillent, les vieilles habitudes ont la vie dure. Souhaitons aux nouvelles générations de faire mieux que les précédentes.
Les textes ne viennent que de toi, au sein d'Oslo Tropique ?
* Christophe : Pour l'écriture, oui. Pour les thématiques choisies, on est raccord.
Comment nait un titre d'Oslo Tropique ? Vous faites d'abord le son, d'abord la musique ? Ou c'est un peu de tout ça ?
* Christophe : Un peu de tout ça, ça peut partir d'un riff de guitare, d'un guitare/chant, ou d'un groove. Pas de loi pour ça.
* Fred: En ce qui concerne le son, l'axe basse/batterie est primordial pour nous. Les guitares viennent se greffer autour de cette solide "colonne vertébrale", sans jamais la perturber. C'est un élément clé de notre identité sonore.
Votre premier EP s'appelle Oslo Tropique. C'est une façon de dire "Voilà ce qu'est Oslo Tropique", montrer votre griffe ?
* Christophe : Tout à fait. Vu que notre nom est déjà porteur de sens et que c'est notre premier opus, ça nous semblait suffisant. Il n'était pas essentiel de rajouter un titre en plus.
Ces quatre titres-là ont été une évidence à mettre sur l'EP, ou bien vous avez eu des hésitations sur d'autres titres ?
* Christophe : Non, d'autres titres auraient pu y être... Mais ces quatre allaient bien ensembles et résument assez bien notre répertoire. C'est une bonne carte de visite à notre goût.
L'idée ça a toujours été un chant en français, ou il y a eu une hésitation en anglais ?
* Christophe : Non, toujours en français. C'est la langue maternelle, on peut plonger plus profondément dans le détail des sentiments. Même si le français réclame certainement plus d'effort pour arriver à le faire sonner sur du rock. Et puis pour tout avouer, vu mon niveau d'anglais, le choix est vite fait !
* Metty : J'ai essayé d'écrire des textes en russe, mais ça n'a rien donné.
Vous avez confié le mixage de votre EP à Lionnel Buzac. Un groupe très énergique comme vous avait besoin de son expertise pour faire un EP bien rock ?
* Christophe : Lionnel vient du rock puissant, il faisait parti du groupe Soma. Il sait ce que c'est. On était convaincus que c'était un bon choix. Par rapport aux expériences passées, on a franchement aucun regret et toute satisfaction.
* Metty : Soma, encore un groupe que je ne connais pas , je suis vraiment inculte...
Pourquoi avoir choisi Luka Merlet pour illustrer le visuel de votre EP ?
* Christophe : On a cherché pas mal de graphistes et on est tombé sur une pochette qu'il avait réalisée pour Wizard. Il a une pâte assez chouette qui peut donner quelque chose de rock sans être sombre. Il fonctionne à partir de collages, et fait beaucoup d'essais pour coller au maximum à ce qu'il lui semble être l'esprit de l'album.
* Fred : Le résultat a un coté retro qui rappelle les pochettes des 70's. C'est assez décalé comme effet.
C'est ce que vous cherchiez comme effet pour la pochette ? Quelque chose de décalé ?
* Fred: Quelque chose qui marque les esprits, surtout.
* Christophe : Nous n'avions pas d'idée arrêtée, si ce n'est de ne pas avoir un visuel sombre. Et oui, qui marque les esprits. Il est bon de se laisser surprendre aussi.
Pourquoi avoir choisi Un Pavé dans l'Ecran comme premier single / clip ?
* Christophe : C'est un des titres les plus directs. Il résume bien l'état d'esprit du groupe, que ce soit pour l'énergie ou la thématique. Les auditeurs auront déjà une bonne idée de là où nous souhaitons les amener.
Vous aviez déjà une idée du scenario du clip avant de le confier au collectif Hotu ?
* Christophe : Aucunement, là aussi on a choisi une équipe en qui on avait confiance. Les clips qu'ils ont faits sont tous excellents, très narratifs, avec une vraie valeur ajoutée à la musique. On leur a confié le titre avec comme objectif qu'ils s'éclatent !
* Fred : Leur proposition nous a plu, et ils ont eu carte blanche. On n'a pas été déçus du résultat, ça colle à merveille avec le titre !
* Metty : C'est vraiment un court métrage de trois minutes. On a fait la musique, ils ont fait le film, ou ça aurait pu être l'inverse.
Dernière question, avez-vous un scoop pour moi ?
* Christophe : L'EP sort le 21 mai, et le prochain clip qui sortira le même jour sera réalisé par un membre de Hotu. On continue avec la même équipe.