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Rockfanch

[INTERVIEW] PLASTIK PLANET

Publié le 4 Septembre 2019 par rockfanch in Interviews

Crédit photo : Franck Alix

Crédit photo : Franck Alix

Comment est né Plastik Planet ? 
* Mathias (chant) : Je vais essayer de faire vite. Plastik Planet est une initiative un peu personnelle. A la base, je suis batteur. Mais avec le temps, j'ai accumulé des textes ainsi que des idées de morceaux. C'est Cyril, le bassiste du groupe, qui m'a aidé à mettre tout ça en forme. On a fait une dizaine de titres ensemble et on s'est dit que quand même, c'était du rock et qu'il ne fallait pas que tout soit fait à l'ordi. Il était alors intéressant de savoir si des musiciens voulaient nous suivre. Je connaissais Franck (batterie) parce qu'on a déjà travaillé ensemble et aussi Laurent (guitare) qui était dans notre réseau professionnel. On a fait plusieurs répétitions pour voir ce que ça donnait, et vu que ça le faisait on a continué tous ensemble. 
* Franck (batterie) : Dans un précédent groupe j'avais appelé Mathias pour qu'il tienne la batterie, j'étais alors passé à la basse. Sur Plastik Planet, c'est lui qui m'a fait reprendre la batterie. On a eu beaucoup d'expériences musicales et c'est comme ça qu'on s'est retrouvé à jouer ensemble. On s'est pas appelé quinze ans plus tard en se disant qu'on allait remonter un projet. Non. On a jamais arrêté de faire de la musique, sauf que forcément vu qu'on a plus 20 ou 25 ans, on a plus la même manière de dire ou de faire les choses sur scène. Quand t'as 25 ans, tu veux mettre le feu aux planches mais quand tu fais de la musique depuis 25 ans, ce n'est pas la même approche sur scène. 

Du coup, Mathias, c'est ta première expérience de chanteur ?
* Mathias : Totalement ! Je suis naïf au sens étymologique en tant que chanteur, je tombe du nid !

Comment t'es venue l'envie de chanter ?
* Mathias : Il y a depuis longtemps que j'écris des textes. Dans les groupes où j'étais batteur, pendant les bœufs, j'essayais de voir si on ne pouvait pas faire un de mes morceaux. J'ai toujours reçu des fins de non recevoir ! Un jour, je me suis dis qu'au lieu de demander aux saints, je devais demander à Dieu. Je me lancé et j'ai créé des maquettes dans mon coin avant d'aller voir Cyril qui m'a dit "Oui c'est de la merde, il va falloir que l'on travaille un peu."

D'où vient le nom Plastik Planet ?
* Mathias : Au sein du groupe ça a été une discussion pas très longue mais épineuse. On a tous proposé des noms et il y en a qui nous a réunis, c'est Plastik Planet. 
* Franck : Plastik Planet, c'est tout simplement parce qu'on est submergé de réseaux sociaux, que l'environnement est quelque chose de préoccupant depuis tout le temps même si maintenant ça urge. Tous les quatre, on a des sensibilités au niveau de la politique, de l'environnement... On s'est dit qu'on allait prendre un nom qui passait partout et qui annonçait la couleur. C'était très important pour nous d'avoir des textes en français. Moi j'ai fait une carrière avec les Ablettes, j'étais professionnel, c'était dans les années 1980/1990. Comme beaucoup de groupes de l'époque, on chantait en français. Maintenant, la majorité chante en anglais. Pour nous c'était important d'avoir des textes en français et en plus ils ont toujours un message, qu'il soit social, politique ou environnemental. On est parti là dessus, le plastique on en a plein le cul, il fallait le dire !
* Mathias : On est ni des messagers, ni des militants, mais à un moment il faut y aller. Mais certains textes ne parlent pas de ça. Pas mal de textes l'évoquent, mais pas tous. Les textes naissent tous d'une histoire ou de quelque chose que j'ai lu. Les problématiques qu'on a cité auparavant se fondent dans le texte ou sont là en arrière plan. C'est toujours l'histoire de quelqu'un ou quelque chose qui m'a interpelé. Même une histoire d'amour dans les textes n'est jamais décontextualisé d'un contexte social ou politique. Tous les chanteurs que j'ai écouté et que j'admire ont cette facture là. Même si c'est de la poésie pure, c'est palpable. Par exemple, Brel, même un enfant de six ans comprend. On est pas dans du mysticisme. 

Quelles sont les influences du groupe ?
* Mathias : Tous les quatre, on a des influences communes. Que ce soit les Clash, les Ramones, les Sex Pistols... Même si ce ne sont pas des trucs que moi j'écoute tous les jours en boucle. C'est plus large que les groupes rock que l'on a mis dans la biographie de Plastik Planet. 
* Franck : On a des influences de groupes qui existaient il y a trente ans, mais on écoute aussi des groupes de maintenant. Toute la vague post-punk britannique actuelle : Fontaines D.C, Viagra Boys, The Murder Capitol.... Sans oublier tout le travail de Jack White. Tout ce qu'il a pu faire autour des racines musicales du rock. On ne cache pas que l'on s'est nourrit d'un groupe comme The Clash qui avait fait du rock et revendiqué des choses. C'était sous Thatcher, mais tu prends les mêmes choses et tu les déplaces aujourd'hui, c'est la même problématique avec le Brexit. Le bénéfice de l'âge, ça permet de se nourrir et de puiser dans pleins de styles différents. On fait du rock mais ça ne nous empêche pas d'écouter du jazz ou de la chanson française.
* Mathias : En ce moment, j'ai un album de chevet, c'est du jazz ! Il y a des choses dedans qui me nourrissent et que j'amène. Franck il peut tomber sur du Tinariwen et l'amener aussi dans le projet. Si tu flashes ça peut t'amener beaucoup même sur un seul accord. Plastik Planet sur sept titres, il y en a quatre avec un seul accord.

Vous avez des influences autre que la musique ?
* Franck : C'est évident ! On est intermittent dans l'audiovisuel, on baigne là dedans. Après, on ne parle pas de ça dans le groupe. Mais je ne sais pas si ça  ressort en tant que tel dans le groupe. Je ne me suis jamais dit en répétitions que j'allais m'inspire de tel film ou tel roman. Il y a des groupes psychédéliques qui peuvent asseoir leurs influences sur des westerns spaghettis de Sergio Leone. Mais nous non. A part peut-être Ken Loach ! On trouve des sujets qui nous touche dans son oeuvre. On a des valeurs communes. 

Des valeurs qui se rapprochent aussi de la vague punk...
* Mathias : Exactement ! Il ne fait pas du cinéma punk, mais il est dans une réalité sociale dont les Jams, les Pistols ou les Clash ont témoignés. Sans oublier les Redskins, qui étaient très militants. 
* Franck : Comme les groupes actuels de la scène britannique avec IDLES ou Fontaines DC qui sont très militants. Les Specials aussi ont sorti un nouvel album plus reggae mais ils sont remontés comme des bretelles au niveau politique. 
* Mathias : Un truc qui m'a énormément poussé à écrire, et c'est en filigrane dans les textes, c'est La Servante Écarlate qui est une fiction trop proche pour ne pas être vraie... Et qui se dessine tranquillement partout. Comme par exemple au G7 à Biarritz où dans pratiquement toutes les rues, tu avais un portique et tu étais fouillé. La ville était découpée en secteurs. Là tu te retrouves dans la série qui a un fond qui n'est pas visionnaire parce que c'est très proche. On sent que ça vient. Black Mirror aussi, ce sont des séries qui annoncent un futur à quatre ou cinq ans et ça fout les jetons.

Comment vous avez enregistré votre album ?
* Franck : Lorsque l'on a monté Plastik Planet, au bout d'un an on s'est dit que ce serait bien d'enregistrer quelque chose histoire d'avancer. J'ai travaillé en studio pendant longtemps et on s'est dit qu'on allait se faire un challenge. J'ai fait appel à Nicolas Roux, qui est un ingé son et surtout un ami. Il nous avait accompagné sur mes anciens groupes Les Ablettes ou Noces de Sang. Nicolas était parfait pour nous enregistrer puisqu'il avait de l'expérience et il pouvait nous cadrer dans ce projet. On voulait improviser un studio et on a pris notre local d'enregistrement qu'on a transformé en studio. Nicolas est arrivé avec tout le matériel. C'est à dire des magnetos, des consoles, les micros. On a utilisé un grand hangar qui était à côté pour la reverb. On a mis le Vox, la C30 pour récupérer la réverbération naturelle. Comme ça
se fait à Abbey Road où ils utilisent des caves naturelles. Dans la salle de bain, on a mis l'ampli basse. On a vraiment disposé des lieux. 

[INTERVIEW] PLASTIK PLANET

Vous avez expérimenté ...
* Franck : Totalement ! On s'est adapté aux lieux et on a essayé d'en tirer le maximum de bénéfices. Pleins d'autres ont déjà fait ça, comme les Stones à l'époque. On a rien inventé, mais de nos jours on peut avoir des outils aussi performants que ceux d'il y a vingt ans sans aller dans des grands studios. Avec l'informatique musicale, tu peux avoir des plugins, qui t'évitent de payer très cher des studios. On a conjugué le old school avec le new school ! On a utilisé le fait qu'on ait cinquante balais avec du matériel d'enregistrement actuel. On est très content de cet enregistrement.
* Mathias : On a fait avec nos moyens et on s'est dit que  ça donnerait notre photographie à cet instant-là. On avait besoin de ça pour structurer notre façon de travailler, maintenant il faut aller vers le public. Cet album, c'est le premier drapeau pour dire qu'on existe.
* Franck : On a du enregistrer pendant sept jours et c'est le mix qui dure le plus longtemps. On n'a pas fait de cd, parce que ça nous fait pas kiffer. Donc on a choisi le vinyl. Un objet qui est beau et qui nous permet de faire un petit pied de nez puisque dedans tu as un lien de téléchargement. T'es en adéquation avec le bel objet et la musique dématérialisée. L'album est auto produit, personne n'a mis son nez dans notre album.

Pourquoi le canard comme visuel de votre album ?
* Franck : C'est Laurent qui l'avait proposé je crois. Il y a plusieurs sens. Il évoque le plaisir, l'enfance. C'est un objet pour les adultes et pour les enfants. Il est aussi emblématique ce canard en plastique. Il représente les années 1970 où il fait son apparition dans les baignoires et il est toujours présent dans les maisons. Il y a aussi une petite histoire avec un container qui s'est renversé d'un cargo et qui était remplit de milliers de canards en plastique. Un jour sur une plage, ils ont vu débarquer des centaines et des centaines de canards en plastique. On trouvait ça sympa comme image, d'avoir l'objet en plastique qui traverse les océans et qui avant de disparaître, va bien polluer ! Il a plusieurs vies alors que nous on en a qu'une.
* Mathias : C'est un peu la métaphore du moment, ça coûte deux centimes la pochette en Espagne. Ils en produisent, tu ne sais pas pourquoi. Ca ne sert à rien à part pour que les mômes s'amusent avec. C'est de la surproduction consumériste inutile.
* Franck : En plus, on vient du Sud Ouest, on aime bien le magret ! C'est une bonne symbolique.
* Mathias : Un heureux hasard !

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